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tout ce qu’il aurait pu dire, c’est que, si l’on voulait exploiter par le sommet de la montagne de Saint-Gilles sa soixante et unième veine, il faudrait creuser jusqu’à quatre mille cent vingt-cinq pieds de profondeur perpendiculaire, c’est-à-dire à trois mille quatre cent trente-huit pieds de Paris, si toutefois cette veine conserve la même courbure qu’il lui suppose. Rejetant donc comme conjecturales et peut-être imaginaires toutes les veines supposées par M. Genneté[1] au delà de la vingt-troisième, qui est la plus profonde de toutes celles qui ont été fouillées, et n’en comptant en effet que vingt-trois au lieu de soixante et une, on verra, par la comparaison entre elles de ces veines de charbon, toutes situées les unes au-dessous des autres, que leur épaisseur n’est pas relative à la profondeur où elles gisent ; car dans le nombre des veines supérieures, de celles du milieu et des inférieures, il s’en trouve qui sont à peu près également épaisses ou minces, sans aucune règle ni aucun rapport avec leur situation en profondeur[2].

On verra aussi que l’épaisseur plus ou moins grande des matières étrangères interposées entre les veines de charbon n’influe pas sur leur épaisseur propre.

Il en est encore de même de la bonne ou mauvaise qualité des charbons : elle n’a nul rapport ici avec les différentes profondeurs d’où on les tire ; car on voit par le tableau que le meilleur charbon de ces vingt-trois veines est celui qui s’est trouvé dans les quatrième, septième, dixième, onzième, quinzième, dix-septième, dix-huitième et vingt-deuxième veines ; en sorte que dans les veines les plus basses, ainsi que dans celles du milieu, et dans les plus extérieures, il se trouve également du très bon, du médiocre et du mauvais charbon ; cela prouve encore que c’est une même matière, amenée et déposée par les mêmes moyens, qui a formé les unes et les autres de ces différentes veines, et qu’un séjour plus ou moins long dans le sein de la terre n’a pas changé leur nature ni même leur qualité, puisque les plus profondes, et par conséquent les plus anciennement déposées, sont absolument de la même essence et qualité que les plus modernes ; mais cela n’empêche pas qu’ici, comme ailleurs, la partie du milieu et le fond de la veine ne soient tou-

    Épaisseur des veines Distance entre les veines
    Pouces.Pieds. Pouces. Pieds.
    qu’à vingt et vingt et un pieds, et divise ainsi la veine en deux branches.
    Distance de la cinquante-septième à la cinquante-huitième veine. » » 105
    Épaisseur de cette cinquante-huitième veine. 1 » »
    Distance de la cinquante-huitième à la cinquante-neuvième veine. » » 126
    Épaisseur de cette cinquante-neuvième veine. 3 3 »
    Elle est divisée en deux couches par deux doigts d’épaisseur de houage, et contient beaucoup de pyrites.
    Distance de la cinquante-neuvième à la soixantième veine. » » 154
    Épaisseur de cette soixantième veine. 1 2 »
    Distance de la soixantième à la soixante et unième veine. » » 126
    Épaisseur de cette soixante et unième et dernière veine. 3 8 »
    Cette veine est d’élite ; elle porte sur trois pouces de houage, et est divisée en deux couches. »

    M. Genneté ajoute que le houage se trouve toujours sous les veines ou bien entre elles, et que toutes celles où il y a de cette espèce de terre sont plus faciles à exploiter que les autres, parce que l’on y fait entrer aisément les coins de fer pour détacher la houille et l’enlever en morceaux. Connaissance des veines de houille, etc., page 47 jusqu’à la page 81.

  1. Voyez la planche iii, figure i, de M. Genneté.
  2. Note communiquée par M. le Camus de Limare.