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fameux, connus sous le nom de damas, que ces peuples savaient travailler avant même que nous eussions, en Europe, trouvé l’art de faire de bon acier.

En Afrique, les fers de Barbarie[1] et ceux de Madagascar[2] sont cités par les voyageurs ; il se trouve aussi des mines de fer dans plusieurs autres contrées de cette partie du monde, à Bambouck[3], à Congo[4] et jusque chez les Hottentots[5]. Mais tous ces peuples, à l’exception des Barbaresques, ne savent travailler le fer que très grossièrement, et il n’y a ni forges ni fourneaux considérables dans toute l’étendue de l’Afrique ; du moins, les relateurs ne font mention que des fourneaux nouvellement établis par le roi de Maroc, pour fondre des canons de cuivre et de fonte de fer.

Il y a peut-être autant de mines de fer dans le vaste continent de l’Amérique que dans les autres parties du monde, et il paraît qu’elles sont aussi plus abondantes dans les contrées du nord que dans celles du midi ; nous avons même formé, dès le siècle précédent, des établissements considérables de fourneaux et de forges dans le Canada[6], où l’on

    aujourd’hui même on y exploite encore des mines dans le district de Saad… Mais ce fer de Saad est moins bon que celui qu’on apporte d’Europe, et leur revient plus cher, vu l’ignorance des Arabes et le manque de bois. Description de l’Arabie, par M. Niebuhr, p. 123.

  1. Le plomb et le fer sont les seuls métaux qu’on ait découverts jusqu’ici en Barbarie. Le fer est fort bon, mais il n’est pas en grande quantité ; ce sont les Kabyles des districts montagneux de Bon-Jeirah qui le tirent de la terre et qui le forgent ; ils l’apportent ensuite en petites barres aux marchés de Bon-Jeirah et d’Alger. La mine est assez abondante dans les montagnes de Dwée et de Zikkar ; la dernière est la plus riche et fort pesante, et l’on y trouve quelquefois du cinabre. Voyages de Shaw, t. Ier, p. 306. — Il y a aussi du fer dans le royaume de Maroc, dans les montagnes de Gesula. L’Afrique de Marmol, t. II, p. 76. — Et les habitants de Beni-Besseri, au pied du mont Atlas, en font leur principal commerce. Idem, t. III, p. 27.
  2. On trouve du fer à Madagascar, et les habitants de quelques parties montagneuses de cette île sont assez industrieux pour le fabriquer en barres ; les mines sont très fusibles, et produisent un fer très doux. Relation de Madagascar, par François Gauche ; Paris, 1651, p. 68 et 69.
  3. On trouve du fer non seulement à Bambouck, dans le royaume de Galam, de Kayne et de Dramuret, où il est en abondance, mais encore dans tous les autres pays en descendant le Sénégal, surtout à Joël et Donghel, dans les États du Siratik, où il est si commun que les Nègres en font des pots et des marmites. Histoire générale des Voyages, t. II, p. 644.
  4. On trouve beaucoup de fer, ainsi que plusieurs autres métaux, dans le royaume de Congo. Recueil des Voyages de la Compagnie des Indes ; Amsterdam, 1702, t. IV, p. 321.
  5. Les mines de fer sont fort communes dans le pays des Hottentots, et les habitants savent même les convertir en fer par la fonte. Histoire générale des Voyages, t. V, p. 172 ; Voyages de Kolbe. — Au cap de Bonne-Espérance, il y a des indices certains de mines de fer. Description du cap de Bonne-Espérance, par Kolbe ; Amsterdam, 1741, part. ii, p. 174.
  6. Au Canada, la ville des Trois-Rivières a dans son voisinage des mines d’excellent fer. Histoire générale des Voyages, t. XIV, p. 700. — Les mines de fer sont en Canada plus abondantes et plus communes que dans la plupart des provinces de l’Europe ; celles des Trois-Rivières surtout surpassent celles d’Espagne par la quantité de fer qu’elles donnent. Histoire philosophique et politique ; Amsterdam, 1772, t. II, p. 65. — « Les mines des Trois-Rivières, dit M. Guettard, donnent d’excellent fer ; cependant il ne faut pas croire que tout le fer du Canada soit d’une égale qualité ; il y en a de très doux et de très malléable, et d’autre qui est aigre et fort aisé à casser : cette différence peut venir ou de la manière de le faire, ou de celle qui se trouve entre les mines… Suivant M. Gautier, toutes les terres du Canada contiennent des mines de fer ; il y en a dans un endroit appelé la Mine au Racourci, et au cap Martin ; ces mines sont mêlées avec un peu de cuivre ou d’autre métal… Les morceaux de celle du cap Martin pèsent autant que le fer, à volume égal ; le fer y a paru presque tout pur, à en juger par la couleur… Lorsqu’on prend un morceau de cette mine, et que, sans l’avoir purifié ni fait passer par le feu, on le présente à l’aiguille