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Dans le pays de Liège[1], les mines de fer sont presque toutes mêlées d’argile, et dans le comté de Namur[2], elles sont au contraire mélangées de matière calcaire. La plupart des mines d’Alsace et de Suisse[3] gisent aussi sur des pierres calcaires : toute la partie du mont Jura, qui commence aux confins du territoire de Schaffouse, et qui s’étend jusqu’au comté de Neuchâtel, offre en plusieurs endroits des indices certains de mines de fer.

Toutes les provinces d’Allemagne ont de même leurs mines de fer, soit en roche, en grains, en ocre, en rouille ou en concrétions : celles de Styrie[4] et de Carinthie[5], dont nous avons parlé, sont les plus fameuses ; mais il y en a aussi de très riches dans le Tyrol[6], la Bohême[7], la Saxe, le comté de Nassau-Siegen, le pays de Hanovre[8], etc.

  1. Selon M. Krenger, les mines de fer du pays de Liège sont toutes argileuses, et au contraire celles du comté de Namur sont toutes calcaires ; il en est de même des mines d’Alsace. Journal de Physique, mois de septembre 1775, p. 227.
  2. Les mines du comté de Namur sont des ocres plus ou moins dures, et dont quelques-unes sont d’un assez beau rouge… Ces minerais produisent en général un fer cassant à froid, et par conséquent très bon pour la fabrication des clous… On ne grille point le minerai. Voyez les Voyages métallurgiques de M. Jars, t. Ier, p. 310.
  3. Selon M. Guettard, le fer est très commun en Suisse : le mont Jura offre de toutes parts des indices de mines de fer en grains, qui se trouvent aussi très communément dans plusieurs autres cantons de la Suisse ; il y en a de fort abondantes dans le comté de Sargans, qui donnent au fourneau de bon acier. Voyez les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 343 et 344.
  4. La mine de fer de Styrie, qui est écailleuse, et que les Allemands appellent stahlstein ou pierre d’acier, donne en effet de l’acier par la fonte et peut aussi donner de très bon fer. M. le baron de Dietrich dit qu’on trouve des mines écailleuses, toutes semblables à celles de Styrie, dans le pays de Nassau-Siegen, dans la Saxe, le Tyrol, etc., et que partout on en fait de très bon fer ou de l’excellent acier ; et il ajoute que la mine d’Allevard, en Dauphiné, est de la même nature, et que l’on fait dans le pays de Bergame et de Brescia de très bon acier d’une mine à peu près pareille. Lettres sur la Minéralogie, par M. Ferber, note, p. 37 et 38.
  5. Depuis douze cents ans, on exploite dans deux hautes montagnes de la Carinthie, à deux lieues de Frisach, soixante mines de fer… Il y a des minerais bruns et d’autres rougeâtres… et comme ils ne se fondent pas tous au fourneau avec la même facilité, on les fait griller séparément avant de les mélanger pour la fonte. Voyages métallurgiques, par M. Jars, t. Ier, p. 53 et 54.
  6. Dans le Tyrol, à Kleinboden, la plus grande partie du minerai est à petites facettes, et ressemble au phlintz de Styrie. Il y en a une autre espèce aussi à petites facettes, mais très blanc ; et une autre à très grandes facettes, qui est la vraie mine de fer spathique : il y a de pareil minerai dans le Voigtland et dans le Dauphiné. Idem, p. 64.
  7. À trois quarts de lieues de Platen, en Bohême, on exploite deux filons perpendiculaires de mine de fer, larges chacun de deux à trois toises, et l’on y trouve un pied d’épaisseur en minerai tout pur, de l’espèce qu’on nomme hématite ou tête vitrée ; on sait que l’hématite présente une infinité de rayons qui tendent tous au même centre. Les filons sont renfermés dans un grès, ou plutôt ils ont pour toit et pour mur une pierre de grès à gros grains. Cette mine de fer avait, en 1757, cinquante-neuf toises de profondeur ; à mesure que l’on a approfondi, le filon est devenu meilleur : elle fournit du minerai à treize forges, tant en Saxe qu’en Bohême. Pour fondre ce minerai, on y joint de la pierre à chaux : l’hématite ou tête vitrée donne du fer très doux et d’une fusion très facile lorsqu’on la mêle avec une plus grande quantité d’une mine jaune d’ocre, qu’on trouve presque à la surface de la terre. Idem, p. 70 et suiv.
  8. Il y a près de Kœnigs-Hutte, au pays de Hanovre, des mines de fer qui rendent jusqu’à soixante et quatre-vingts livres de fonte par cent, et d’autres qui n’en rendent que quinze ou vingt : on les mêle ensemble au fourneau, où elles rendent en commun trente ou