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En Italie, les mines de fer les plus célèbres sont celles de l’île d’Elbe ; on en a fait récemment de longues descriptions, qui néanmoins sont assez peu exactes ; ces mines sont ouvertes depuis plusieurs siècles, et fournissent du fer à toutes les provinces méridionales de l’Italie[1].

Dans la Grande-Bretagne, il se trouve beaucoup de mines de fer ; la disette de bois fait

    c’est une vaste colline ou un monceau énorme de mine de fer, qui charrie et attire un acide vitriolique, lequel, pénétrant dans la roche ferrugineuse, dissout le métal, et fait paraître à la superficie des plaques de vitriol vertes, bleues et blanches. Vis-à-vis de cette montagne, de l’autre côté de la rivière, il y en a une autre semblable qui produit une grande quantité de vitriol, qui est de toute couleur, jaune clair, etc…

    À peu de distance de ce grand rocher ferrugineux, un ingénieur fit couper un morceau de la montagne pour aplanir la nouvelle promenade de la ville ; et, comme il la fit couper d’aplomb et de cinquante à quatre-vingts pieds de hauteur, on découvrit la mine de fer, qui est en véritables veines, qui plongent tantôt directement, tantôt obliquement, et représentent grossièrement les racines d’un arbre. Il y a des veines qui ont un pouce de diamètre, et d’autres qui sont plus grosses que le bras, variant à l’infini, selon le plus ou moins de résistance que la terre oppose au charriage de l’eau, car on ne peut douter que ce ne soit son ouvrage. Idem, p. 326, 331 et suiv.

  1. Dans l’île d’Elbe, deux montagnes méritent principalement l’attention des minéralogistes, savoir le mont Calamita et celui de Rio, où sont les célèbres mines de fer… À la distance d’environ deux milles de l’endroit où se trouve la pierre d’aimant, dans ce mont Calamita, le terrain commence à être ferrugineux et parsemé de pierres hématites noirâtres ou rougeâtres, et de pierres ferrugineuses, micacées et écailleuses : on y trouve, surtout du côté de la mer, plusieurs morceaux d’aimant détachés des grandes masses de la montagne, et d’autres qui y sont enfoncés, et il semble que la montagne n’est elle-même qu’un amas de blocs ferrugineux et de morceaux d’aimant, car toute la superficie est couverte de ces morceaux écroulés.

    On exploite la mine de Rio en plein air, comme une carrière de marbre… Toute la superficie de la montagne est couverte d’une terre ferrugineuse rougeâtre et noirâtre, mêlée de quantité de petites écailles luisantes de minéral de fer… L’intérieur de la montagne, suivant ce qu’on découvre dans les excavations, présente un amas irrégulier de diverses matières : 1o des masses de minéral de différentes qualités… La première, que les ouvriers appellent ferrata, et l’autre luciola. La ferrata a presque la couleur et le brillant du fer, même de l’acier lustré, et est très dure, très pesante : c’est l’hématite couleur de fer de Cronstedt ; la luciola, qui est un minéral écailleux de fer micacé, est moins dure, moins pesante et moins riche que la ferrata… Ces mines ne courent point par filons, elles sont en masses solitaires plus ou moins grosses, et quelquefois voisines les unes des autres ; elles n’ont point de directions constantes, et l’on en trouve du haut en bas de la montagne, et jusqu’au niveau de la mer… Le bon minéral de fer est le plus souvent accompagné d’une terre argileuse de différentes couleurs, qui paraît être de la même nature que le schiste argileux qui abonde dans cette montagne.

    On trouve aussi dans la même montagne des pyrites, mais en médiocre quantité… et quelques monceaux d’aimant… Cette mine de Rio est très abondante, et fournit du fer à Naples, au duché de Toscane, à la république de Gênes, à la Corse, à la Romagne, etc… Et l’on voit par un passage d’Aristote que les Grecs, de son temps, tiraient déjà du fer de cette île ; elle a été célébrée par Virgile, Strabon et d’autres anciens, à cause de l’abondance de son fer…

    Le fer que produit cette mine de Rio est d’une très bonne qualité ; il égale en bonté celui de Suède… On réduit la mine en fusion, sans addition d’aucun fondant…

    La montagne de Rio n’est point disposée par couches horizontales, il semble que les matières ferrugineuses, ocreuses et argileuses y aient été jetées confusément. Observations sur les mines de fer de l’île d’Elbe ; Journal de Physique, mois de décembre 1778, p. 416 et suiv. — Les montagnes de l’île d’Elbe, dit M. Ferber, sont de granit : il y en a du violet