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appellent caprice de pierre, la veine, que cet obstacle fait tourner au nord ou au midi, reprend bientôt sa première direction du levant au couchant : cette direction, commune au plus grand nombre des veines de charbon, est un effet particulier dépendant de l’effet général du mouvement qui a dirigé toutes les matières transportées par les eaux de la mer, et qui a rendu les pentes de tous les terrains plus rapides du côté du couchant[1]. Les charbons de terre ont donc suivi la loi générale imprimée par le mouvement des eaux à toutes les matières qu’elles pouvaient transporter, et en même temps ils ont pris l’inclinaison de la pente du terrain sur lequel ils ont été déposés, et sur lequel ils sont disposés toujours parallèlement à cette pente ; en sorte que les veines de charbon, même les plus étendues, courent presque toutes du levant au couchant, et ont leur inclinaison au nord en même temps qu’elles sont plus ou moins inclinées dans chaque endroit, suivant la pente du terrain sur lequel elles ont été déposées[2] : il y en a même qui approchent de la perpendiculaire : mais cette grande différence dans leur inclinaison n’empêche pas qu’en général cette inclinaison n’approche, dans chaque veine, de plus en plus de la ligne horizontale, à mesure que l’on descend plus profondément : c’est alors l’endroit que les ouvriers appellent le plateur de la mine, c’est-à-dire le lieu plat et horizontal auquel aboutit la

    Traité, il ne paraît pas qu’aucune de ces trois failles qui y sont figurées aient été traversées ni même reconnues à différentes profondeurs, comme cela doit être pour déterminer sûrement les différentes épaisseurs et qualités des failles.

    » Il en est de même des cinq veines cotées 57, 58, 59, 60 et 61, dont il n’est pas possible de fixer aussi précisément les courbures et les profondeurs, quand on ne les a reconnues que dans un seul point, comme l’indique (figure 7, table 3) le plan qu’il en donne sans échelle : encore ces cinq veines n’ont-elles été reconnues qu’à peu de distance de la superficie. Il ne dit pas non plus si l’on a remarqué, par les différents travaux des figures 1, 2, 3, 4, 5 et 6, table 3, que les épaisseurs et qualités des bancs de rochers qui séparent les autres veines et les dimensions de ces mêmes veines aient été si exactement analogues dans les deux extrémités de ces ouvrages, qu’on ait dû en conclure le parallélisme parfait décrit dans cette même table 3. » Note communiquée par M. le Camus de Limare, le 5 juillet 1780.

  1. Voyez les Époques de la Nature, t. II, p. 87 et suiv.
  2. « La conformité, dit M. de Gensane, que j’ai toujours remarquée entre la configuration du fond de la mer et celle des couches de charbon de terre est si frappante, que je la regarde comme une preuve de fait, qui équivaut à une démonstration de tout ce que nous avons dit sur son origine : les bords de la mer, dans la plupart de ses parages, commencent d’abord par une pente plus ou moins rapide, qui prend successivement une position qui approche toujours de plus en plus de l’horizontale, à mesure que le terrain s’avance au-dessous des eaux de la mer ; la même chose arrive aux veines de charbon de ferre ; leur tête, qui est près de la surface du terrain, conserve toujours une certaine pente, souvent assez rapide jusqu’à une certaine profondeur, après quoi elles prennent une position qui est presque horizontale ; et l’épaisseur de ces veines est pour l’ordinaire d’autant plus forte qu’elles approchent davantage de cette dernière position. Il y a d’autres parages où les bords de la mer sont fort escarpés jusqu’à une forte profondeur au-dessous des eaux ; il arrive également qu’on rencontre des veines ou couches de charbon dont la situation est presque perpendiculaire, mais cela est très rare, et cela doit être, parce que dans les endroits où les bords de la mer sont fort escarpés, il y a toujours des courants qui ne permettent que difficilement aux vases de s’y reposer. Enfin on remarque souvent au fond de la mer des filons ou amas de sables connus sous le nom de bancs : ceux qui connaissent les mines de charbon me sont témoins qu’elles forment aussi quelquefois des courbures ou dos d’âne fort analogues à ces bancs ; lorsque ces dépôts de vase se forment dans des anses de la mer, qui, par la retraite des eaux, deviennent des vallées, les veines de charbon y ont deux têtes, une de chaque côté de la vallée dont elles coupent le fond ; en sorte que la coupe verticale de ces veines forme une anse de panier renversée, dont les deux extrémités s’appuient contre les montagnes : telles sont les veines de charbon des environs de Liège. » Histoire naturelle du Languedoc, t. Ier, p. 35 et suiv.