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Congo[1] : en général, l’Afrique, comme la région la plus chaude de la terre, a peu d’eau douce, et presque tous les lacs et autres eaux stagnantes de cette partie du monde sont plus ou moins salés.

L’Amérique, surtout dans les contrées méridionales, est assez abondante en sel marin ; il s’en trouve aussi dans les îles, et notamment à Saint-Domingue[2] et sur plusieurs côtes du continent[3] ; ainsi que dans les terres de l’isthme de Panama[4], dans celles du Pérou[5], de la Californie[6] et jusque dans les terres Magellaniques[7].

  1. Le pays de Sogno est voisin des mines de Demba, d’où l’on tire à deux ou trois pieds de terre un sel de roche d’une beauté parfaite, aussi clair que la glace, sans aucun mélange : on le coupe en pièces d’une aune de long, qui se transportent dans toutes les parties du pays. De Lille place les mines de sel dans le pays de Bamba : ce pays de Sogno fait partie du royaume de Congo. Idem, ibidem, p. 626.
  2. L’île de Saint-Domingue a, dans plusieurs endroits de ses côtes, des salines naturelles, et l’on trouve du sel minéral dans une montagne voisine du lac Xaragua, plus dur et plus corrosif que le sel marin, avec cette propriété que les brèches que l’on y fait se réparent, dit-on, dans l’espace d’un an. Oviédo ajoute que toute la montagne est d’un très bon sel, aussi luisant que le cristal, et comparable à celui de Cardonne en Catalogne. Hist. génér. des voyages, t. XII, p. 218. — Il y a dans cette île de très belles salines, qui sans être cultivées donnent du sel aussi blanc que la neige, et étant travaillées en pourraient fournir davantage que toutes les salines de France, de Portugal et d’Espagne. Il se rencontre de ces salines au midi, dans la baie d’Ocoa, dans le cul-de-sac, à un lieu nommé coridon, au septentrion de l’île vers l’Orient, à Caracol, à Limonade, à Monte-Christo ; il y en a encore en plusieurs autres lieux, et ce ne sont ici que les principales. Outre ces salines marines, l’on trouve dans les montagnes des mines de sel qu’on appelle ici sel gemme, qui est aussi beau et aussi bon que le sel marin : je l’ai moi-même éprouvé, et l’ai trouvé beaucoup meilleur que le premier. Histoire des Aventuriers Boucaniers, Paris, 1686, t. Ier, p. 84.
  3. Derrière le cap d’Araya en Amérique, qui est vis-à-vis de la pointe occidentale de la Marguerite, la nature a placé une saline qui serait utile aux navigateurs, si elle n’était pas trop éloignée du rivage ; mais dans l’intérieur du golfe, le continent forme un coude près duquel est une autre saline, la plus grande peut-être qu’on ait connue jusqu’à aujourd’hui ; elle n’est pas à plus de trois cents pas du rivage, et l’on y trouve dans toutes les saisons de l’année un excellent sel, quoique moins abondant au temps des pluies : quelques-uns croient que les flots de la mer, poussés dans l’étang par les tempêtes, et n’ayant point d’issues pour en sortir, y sont coagulés par l’action du soleil, comme il arrive dans les salines artificielles de France et d’Espagne ; d’autres jugent que les eaux salées s’y rendent de la mer par des conduits souterrains, parce que le rivage paraît trop convexe pour donner passage aux flots ; enfin d’autres encore attribuent aux terres mêmes une qualité saline, qu’elles communiquent aux eaux de pluie : ce sel est si dur, qu’on ne peut en tirer sans y employer des instruments de fer. Histoire générale des voyages, t. XIV, p. 393.
  4. Les Indiens de cet isthme tirent leur sel de l’eau de la mer, qu’ils cuisent dans des pots de terre jusqu’à ce qu’elle soit évaporée, et que le sel reste au fond en forme de gâteau ; ils en coupent à mesure qu’ils en ont besoin, mais cette voie est si longue qu’ils n’en peuvent pas faire en grande quantité, et qu’ils l’épargnent beaucoup. Voyages de Wafer, suite de Dampier, t. IV, p. 241. — Le sel minéral ou sel de pierre se trouve très abondamment au Pérou ; il y a aussi, dans la province de Lipes, une plaine de sel de plus de quarante lieues de longueur sur seize de largeur, à l’endroit le plus étroit. Métallurgie d’Alphonse Barba, t. Ier, p. 24 et suiv.
  5. Le port de Gunta, dans le Corrégiment de Guyaquil au Pérou, est si riche en salines, qu’il suffit seul pour fournir du sel à toute la province de Quito. Histoire générale des voyages, t. XIII, p. 366.
  6. Ce n’est pas de la mer qu’on tire le sel pour la Californie ; il y a des salines dont le sel est blanc et luisant comme du cristal, mais en même temps si dur qu’on est souvent obligé de le rompre à grands coups de marteau. Il serait d’un bon débit dans la Nouvelle-Espagne où le sel est rare. M. Poucet, suite des Lettres édifiantes ; Paris, 1705, cinquième Recueil, p. 271.
  7. Vers le port Saint-Julien en Amérique, environ cinquante degrés de latitude sud, le