Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre alumineuse, sont, dit-il, parsemées de charbon jayet, et l’on y trouve par intervalles de l’alun natif[1]. » Il y a aussi, près de Soyon, des mines de couperose et d’alun[2] ; on voit encore beaucoup de terres alumineuses aux environs de Roquefort et de Cascastel[3] ; d’autres près de Cornillon[4], dans le diocèse d’Uzès, dans lesquelles l’alun se forme naturellement ; mais combien n’avons-nous pas d’autres richesses que nous foulons aux pieds, non par dédain ni par défaut d’industrie, mais par les obstacles qu’on met, ou le peu d’encouragement que l’on donne à toute entreprise nouvelle !




AUTRES COMBINAISONS DE L’ACIDE VITRIOLIQUE

Nous venons de voir que cet acide, le plus fort et le plus puissant de tous, a saisi les terres argileuses et calcaires, dans lesquelles il se manifeste sous la forme d’alun et de sélénite ; que l’argile et le plâtre, quoique imprégnés de cet acide, n’ont néanmoins aucune saveur saline, parce qu’il y a des excès de terre sur la quantité d’acide, et qu’il y est pleinement saturé ; que l’alun au contraire, dont la base n’est que de la terre argileuse mêlée d’une petite portion de terre alcaline, a une saveur styptique et des effets astringents, parce que l’acide n’y est pas saturé ; qu’il en est de même de tous les vitriols métalliques dont la base, étant d’une matière plus dense que la terre vitreuse ou calcaire, a donné à ces sels plus de masse et de puissance : nous avons vu que les terres alumineuses ne sont que des argiles mélangées et plus fortement imprégnées que les autres d’acide vitriolique ; que l’alun, qu’on peut regarder comme un vitriol à base terreuse, retient dans ses cristaux une quantité d’eau plus qu’égale à la moitié de son poids, et que cette eau n’est pas essentielle à sa substance saline, puisqu’il la perd aisément au feu sans se décomposer ; qu’il s’y boursoufle comme la terre limoneuse, et qu’en même temps qu’il se laisse dépouiller de son eau, il retient très fixement l’acide vitriolique, et devient après la calcination presque aussi corrosif que cet acide même.

Maintenant, si nous examinons les autres matières avec lesquelles cet acide se trouve combiné, nous reconnaîtrons que l’alcali minéral ou marin[NdÉ 1], qui est le seul sel alcali naturel et qui est universellement répandu, est aussi le seul avec lequel l’acide vitriolique se soit naturellement combiné sous la forme d’un sel cristallisé auquel on a donné le nom du chimiste Glauber[NdÉ 2]. On trouve ce sel dans l’eau de la mer, et généralement dans toutes les eaux qui tiennent du sel gemme ou marin en dissolution ; mais la nature n’en

  1. Histoire naturelle du Languedoc, t. III, p. 177.
  2. Histoire naturelle du Languedoc, t. III, p. 201.
  3. Idem, ibidem, p. 177.
  4. Les couches de terre alumineuses y sont séparées par d’autres couches d’une terre à foulon très précieuse : cette terre est de la plus grande finesse et d’une blancheur éclatante ; elle est de la nature des kaolins et très propre à la fabrique des porcelaines, parce que le feu n’altère point sa blancheur et qu’elle est très liante : on en fait des pipes à tabac d’une beauté surprenante. Au-dessous de toutes ces couches, on trouve un autre banc d’une terre également fine, et qui ne diffère de la précédente que par la couleur qui est d’un jaune de citron, assez semblable à la terre que nous appelons jaune de Naples, mais plus fine : sa couleur est permanente et résiste à l’action du feu ; elle est par conséquent propre à colorer la faïence en la mêlant avec le feldspath. Idem, t. Ier, p. 158 et 159.
  1. Hydrate de sodium ou Soude.
  2. Sulfate de sodium.