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sique[1] ; et dans les mers occidentales, celui du pic de Ténériffe[2], de Saint-Domingue[3], etc., sont également connus des voyageurs. Il se trouve aussi beaucoup de soufre au Chili[4], et encore plus dans les montagnes du Pérou, comme dans presque toutes les montagnes à volcans. Le soufre de Quito et celui de la Guadeloupe passent pour être les plus purs, et l’on en voit des morceaux si beaux et si transparents qu’on les prendrait au premier coup d’œil pour de bel ambre jaune[5]. Celui qui se recueille sur le Vésuve et sur l’Etna est rarement pur ; et il en est de même du soufre que certaines eaux thermales, comme celles d’Aix-la-Chapelle et de plusieurs sources en Pologne[6], déposent

  1. Le terrain de l’île nommée Jerun, à l’entrée du golfe Persique, est si stérile qu’il ne produit presque que du sel et du soufre. Idem, t. Ier, p. 98.
  2. Il sort au sud du pic de Ténériffe plusieurs ruisseaux de soufre qui descendent dans la région de la neige ; aussi paraît-elle entremêlée dans plusieurs endroits de veines de soufre. Idem, t. II, p. 250.
  3. Dans l’île de Saint-Domingue, on trouve des minières de soufre et de pierres ponces. Idem, t. XII, p. 218.
  4. Dans le Corrégiment de Copiago, dons les Cordillères du Chili, à quarante lieues du port, vers l’est-sud-est, on trouve des mines du plus beau soufre du monde, qui se tire pur d’une veine d’environ deux pieds de large. Hist. générale des Voyages, t. XIII, p. 414. — Dans les hautes montagnes de la Cordillère, à quarante lieues vers l’est, sont des mines du plus beau soufre qu’on puisse voir : on le tire tout pur d’une veine d’environ deux pieds de large, sans qu’il ait besoin d’être purifié. Frezier, Voyage à la mer du Sud ; Paris, 1732, p. 128.
  5. La soufrière de la Guadeloupe est la montagne la plus élevée de cette île : elle a été autrefois volcan… Elle est encore embrasée dans son intérieur ; on y trouve une si grande quantité de soufre, qui se sublime par la chaleur souterraine en grande abondance, que cet endroit paraît inépuisable… Le cratère a environ vingt-cinq toises de diamètre, et il sort de la fumée par les fentes qui sont au-dessous ; dans toute cette étendue, il y a beaucoup de soufre dont l’odeur est suffocante… Il y a dans cette soufrière différentes sortes de soufre ; il y en a qui ressemble parfaitement à des fleurs de soufre ; d’autre se trouve en masses compactes, et est d’un beau jaune d’or ; enfin l’on en rencontre des morceaux qui sont d’un jaune transparent comme du succin. Encyclopédie, article Soufre.
  6. Une fontaine sulfureuse qui est auprès de Sklo ou de Jaworow, sur la droite du chemin en venant de Léopol, a ses environs d’un tuf sableux, jaunâtre, semblable à celui des montagnes que l’on passe en venant de Varsovie à Léopol ; le vrai bassin de la fontaine, dit M. Guettard, et qu’elle s’est formé elle même, peut avoir quatre à cinq pieds de largeur ; l’eau sort du milieu… Les plantes, les feuilles, les petits morceaux de bois qui peuvent se trouver dans le bassin ou sur ses bords sont chargés d’une matière blanche et sulfureuse, dont on voit aussi beaucoup de flocons qui nagent dans l’eau, et qui vont se déposer sur les bords du petit ruisseau qui sort du bassin… M. Guettard s’est assuré, par l’expérience, que cette source est sulfureuse. Mém. de l’Académie des sciences, année 1762, p. 312. — C’est particulièrement dans l’étendue de la Pologne, qui renferme les fontaines salées et les mines de sel gemme, que se trouvent encore les mines de soufre et les fontaines sulfureuses. Rzaczynski dit du moins qu’il y a des fontaines sulfureuses près des salines de Bochnia et de Wielizka. M. Schober parle d’une fontaine d’une odeur si disgracieuse, qu’il ne put se déterminer à en goûter ; l’eau de cette fontaine sort d’une montagne appelée Zarky, ou montagne de soufre… Son odeur disgracieuse lui vient probablement des parties sulfureuses qu’elle tire de la montagne Zarky, qui en est remplie : ce soufre est d’un beau jaune et renfermé dans une pierre bleuâtre calcaire. On a autrefois exploité cette mine ; elle est négligée maintenant.

    On tire du soufre, suivant Rzaczynski, des écumes que la rivière appelée Ropa forme sur ses bords ; cette rivière traverse Bieez, ville du palatinat de Cracovie. Humenne, ville qui appartient à la Hongrie, mais dont un faubourg dépend de la Pologne, a un petit ruisseau qui donne un soufre noir que l’on rend blanchâtre au feu. Idem, ibidem, p. 311.