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dans les laves d’Islande, qu’ensuite on en a reconnu dans différents basaltes en Auvergne, dans ceux du Vieux-Brisach en Alsace, dans les laves envoyées des îles de France et de Bourbon, et dans celles de l’île de Feroë. M. Pazumot est en effet le premier qui ait écrit sur la zéolithe trouvée dans les laves, et son opinion est que cette substance n’est pas un produit immédiat du feu, mais une reproduction formée par l’intermède de l’eau et par la décomposition de la terre volcanisée : c’est aussi le sentiment de M. de Saint-Fond ; cependant il avoue qu’il a trouvé de la zéolithe dans l’intérieur du basalte le plus compact et le plus dur. Il n’est donc guère possible de supposer que la zéolithe se soit formée dans ces basaltes par la décomposition de leur propre substance ; et M. de Saint-Fond pense que ces dernières zéolithes étaient formées auparavant, et qu’elles ont seulement été saisies et enveloppées par la lave lorsqu’elle était en fusion. Mais alors, comment est-il possible que la violence du feu ne les ait pas dénaturées, puisqu’elles sont enfermées dans la plus grande épaisseur de la lave où la chaleur était la plus forte ? Aussi notre observateur convient-il qu’il y a des circonstances où le feu et l’eau ont pu produire des zéolithes[1], et il en donne des raisons assez plausibles.

Il dit, après l’avoir éprouvé par comparaison, que le basalte noir du Vivarais est plus dur que le basalte antique ou égyptien[2] ; il a trouvé, sur le plus haut sommet de la montagne du Mézine en Velay, un basalte gris blanc un peu verdâtre, dur et sonore, qui se rapproche par la couleur et par le grain du basalte gris verdâtre d’Égypte, et dans lequel

  1. « Il y a, dit-il, lieu de croire : 1o que la zéolithe est une pierre mixte et de seconde formation, produite par l’union intime de la matière calcaire avec la terre vitrifiable ;

    » 2o Que la voie humide est en général celle que la nature emploie ordinairement pour la formation de cette pierre, et que la plupart des zéolithes qu’on trouve dans les laves et dans les basaltes y sont étrangères, et y ont été prises accidentellement pendant que la matière était en fusion ;

    » 3o Que les eaux ont pu et peuvent encore attaquer la zéolithe engagée dans les laves, la déplacer et la déposer en lames, quelquefois même en petits cristaux dans les fissures du basalte ;

    » 4o Que les feux souterrains doivent aussi former des combinaisons de la matière calcaire avec la terre vitrifiable, ou de la terre vitrifiable avec certaines substances salines, propres à servir de base aux zéolithes ; mais qu’il faut toujours que l’eau vienne perfectionner ce que le feu n’a fait qu’ébaucher. »

    M. de Saint-Fond donne ensuite une très bonne définition du basalte dans les termes suivants : « J’entends, dit-il, par le mot basalte, une substance volcanique noire, quelquefois grise ou un peu verdâtre, inattaquable aux acides, fusible sans addition, donnant, quand elle est pure et non altérée, quelques étincelles lorsqu’on la frappe avec l’acier trempé, susceptible du poli, et devenant alors une des meilleures pierres de touche. Cette substance doit être regardée comme la matière la plus homogène, la plus fondue, et en même temps la plus compacte que rejettent les volcans. » Recherches sur les volcans éteints, etc., p. 133 et 134.

  2. Il observe quelques différences dans la pâte de ce basalte égyptien, d’après les belles statues de cette matière que M. le duc de Chaulnes a rapportées de son voyage d’Égypte ; elles présentent les variétés suivantes : 1o un basalte noir, dur et compact, dont la pâte offre un grain serré, mais sec et âpre au toucher dans les cassures, et néanmoins susceptible d’un beau poli ; 2o un basalte d’un grain semblable, mais d’une teinte verdâtre ; 3o un basalte d’un gris lavé tirant au vert. Au reste, M. Faujas de Saint-Fond ne regarde pas comme un basalte, ni même comme un produit des volcans, la matière de quelques statues égyptiennes qui, quoique d’une belle couleur noire, n’est qu’une pierre argileuse mêlée de mica et de schorl noir en très petits grains, et cette pierre est bien moins dure que le basalte. Notre observateur recommande enfin de ne pas confondre avec le basalte la matière de quelques statues égyptiennes d’un gris noirâtre, qui n’est qu’un granit à grain fin, ou une sorte de granitello.