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EXPLICATION DES PLANCHES

Ces trois dernières figures sont dues à l’habileté de M. Allis, d’York.
A 1, 2, 3, 4. Portions pétrifiées de la peau d’un petit ichthyosaure, du lias de Barrow-on-Soar, dans le comté de Leicester, offert au muséum d’Oxford par le révérend Robert Gutch, de Ségrave. (Fig. originale.)
a, b, c, d, représentent, dans la fig. 1, des portions de côtes, et e, f, g, h, des fragmens d’os sterno-costaux. (De grandeur naturelle.)
Les espaces entre ces os sont recouverts par les débris de la peau ; l’épiderme est représenté par une pellicule délicate, le réseau muqueux par une fine réticulation de carbonate de chaux blanc ; en dessous, le chorion, ou peau proprement dite, à l’état de carbonate de chaux brun, chargé d’une substance volatile noire d’une consistance de bitume ou d’huile.
2. L’épiderme et le réseau muqueux grossis. Les lignes fines que l’on voit à la surface représentent les rides délicates de l’épiderme, et les lignes sous-jacentes plus grandes, et qui s’anastomosent entre elles, représentent la réticulation vasculaire du réseau muqueux.
3. L’épiderme, avec une série de plis ou de rides plus épaisses et plus écartées, recouvrant les mailles du réseau muqueux.
4. L’épiderme a été détruit, et la texture des vaisseaux déliés du réseau muqueux se détache en un relief saillant, comme un réseau de filamens blancs sur la substance noire du chorion sous-jacent[1].
  1. On n’a encore, jusqu’à ce jour, aucune donnée certaine relativement à l’enveloppe cutanée des ichthyosaures ; on aurait pu croire que ces reptiles étaient revêtus d’écaille cornées comme les lézards, ou que leur peau était recouverte de plaques cutanées osseuses, comme celles qui recouvrent le dos du crocodile ; mais, comme on trouve conservées dans le même lias, où sont les os des ichthyosaures, des écailles cornées de poissons et des plaques dermales osseuses de crocodiles, nous pouvons prononcer que les tégumens des ichthyosaures, s’ils en eussent possédé de semblables, se fussent conservés de même, et auraient été rencontrés depuis long-temps parmi les nombreux débris que l’on a mis tant de soin à recueillir dans le lias. On les eût trouvés à coup sûr dans l’individu qui nous occupe maintenant, chez lequel l’épiderme même et jusqu’aux filamens du réseau muqueux ont échappé à la destruction. Il n’est pas rare de rencontrer de semblables fragmens de peau pétrifiée de couleur noire, encore attachés aux squelettes d’ichthyosaures de Lyme-Regis ; mais on n’y a pas encore signalé de débris d’aucune autre partie molle du corps. La conservation de la peau est une circonstance qui prouve combien a été court l’intervalle qui s’est écoulé entre la mort de l’animal et le moment où il a été enterré dans le sédiment vaseux auquel le lias doit son origine. Parmi les reptiles actuels, les batraciens offrent l’exemple d’un ordre à peau nue, sans écailles ni plaques cutanées osseuses. Chez les lézards et les crocodiles, les écailles et les plaques cutanées osseuses ont pour but de protéger la peau contre le frottement des corps durs an contact desquels ces animaux sont exposés à la surface de la terre. Mais, comme les ichthyosaures vivaient exclusivement dans la mer, il parait que leur peau, de même que celle également nue des cétacés, n’avait pas besoin d’être protégée par une cuirasse d’écailles ou de plaques osseuses. Il en est de même des plésiosaures ; jamais on n’a rencontré aucun appendice cutané avec les squelettes parfaits de ces animaux ; et nous sommes également conduits à en conclure qu’ils étaient revêtus d’une peau nue ; le même argument négatif s’applique encore aux reptiles volans de la famille des ptérodactyles.