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ROCHES STRATIFIÉS PRIMITIVES.

L’absence complète de restes organiques dans toutes les

    aujourd’hui universellement admise sur l’origine ignée du granite fondamental, et avec la structure des schistes primitifs ; car la gradation insensible suivant laquelle se succèdent ces diverses formations paraît démontrer que la même cause dont le maximum d’action a produit le granite, venant à agir avec moins d’intensité, a donné naissance au gneiss, puis au micaschiste, sous un degré d’action encore moins élevé.

    Les dislocations et les divers dérangemens qui se manifestent dans la disposition des couches, il les attribue à l’écrasement des vastes voûtes qui se sont formées par suite de la structure vésiculaire et caverneuse qu’ont nécessairement prise les masses qui constituent la croûte du globe, dans le temps que celle-ci a mis à passer de l’état de fusion à l’état de refroidissement et de consolidation complète ; et comme causes de ces ruptures, il indique le concours du poids énorme des matériaux avec des éruptions de vapeurs élastiques ; à quoi nous devons peut-être ajouter que, les oscillations de la surface de ce noyau encore liquide ont pu, sans qu’il soit nécessaire de supposer aucune cavité, réduire en fragmens la portion refroidie de l’écorce du globe, surtout si l’on fait attention qu’à cette période primordiale elle devait être nécessairement très-mince, et ressembler beaucoup aux scories qui flottent à la surface de la lave lorsqu’elle commence à se refroidir. Il ajoute avec justesse que toutes ces dislocations de l’écorce doivent, par suite des ébranlemens communiqués aux grandes masses aquatiques qui reposaient au-dessus, avoir nécessairement coïncidé avec des actions diluviennes d’une vaste étendue. Puis quand ces masses aqueuses, dans la suite et durant les intervalles de repos qui ont séparé ces grandes convulsions, ont laissé précipiter les matériaux dont elles étaient chargées par suite de leur action destructive sur les roches primitives, les sédimens qui se sont formés ainsi ont constitué des terrains et des couches de nature diverse. Leibnitz arrive donc à assigner une double origine aux différentes roches ; d’abord le refroidissement d’une masse à l’état de fusion ignée, et nous avons vu qu’il assigne surtout cette origine aux roches primitives et fondamentales, puis la précipitation de dépôts aqueux ; et il y a là nettement posée la grande base de toute classification scientifique des roches et des formations. La répétition des mêmes causes (je veux parler des dislocations de l’écorce et des inondations qui en ont été la conséquence) a produit de fréquens changemens dans les couches nouvelles, jusqu’à ce que ces causes aient été amenées à un état d’équilibre et de repos qui a eu pour résultat un état de choses plus permanent. Ne trouvons-nous pas dans cet exposé les données précises sur lesquelles devra toujours reposer a que l’on pourrait appeler l’investigation chronologique de la série des phénomènes géologiques ?