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SUPPLÉMENTAIRES.

constituer une sorte de pain, ainsi que cela eut lieu en 1833 dans la commune de Degerfords. M. Retzius a reconnu dans ce silex farineux (bergmehl) dix-neuf espèces d’infusoires à test siliceux. Ce dépôt paraît être analogue au kieselguhr de Franzenbad. — L’Institut, 22 février 1837, n° 198.

M. Ehrenberg a fait connaître aussi qu’un ocre jaune d’une consistance molle, appelé raseneisen (marshochre, meadowearth, limonite ochreuse, fer limoneux des marais) que l’on rencontre en grande quantité dans certaines fontaines des marais des environs de Berlin, recouvrant le fond des fossés, ou remplissant les pas d’animaux, se compose en partie de fer sécrété par des animalcules infusoires du genre Gaillonella. On peut séparer ce fer des tests de ces animaux sans qu’ils cessent de conserver leur forme. Il a découvert de pareils débris ferrugineux et siliceux dans de semblables substances ocreuses provenant de l’Oural et de New-York, ainsi que dans une substance terreuse jaune qui se forme à la surface des eaux minérales des sources salées de Colberg et de Durrenberg. Cette substance s’emploie à Colberg comme ocre dans la peinture en bâtimens. Le fer sécrété par ces animalcules, et qui se trouve uni à leurs enveloppes siliceuses, constitue après leur mort un noyau qui attire d’autre fer dissous dans les eaux qu’habitent ces animaux.

Le professeur Ehrenherg annonce dans une autre communication que certaines portions dures et lourdes du tripoli de Bilin, désignées sous le nom de schiste happant (saugschiefer), sont encore des restes de gaillonelles cimentés et remplies par une matière siliceuse amorphe provenant de ces infusoires ; et que les nodules de silex résinite (semiopal) que l’on rencontre dans le même tripoli sont aussi composés de silice provenant de débris d’infusoires qui se sont dissous, et réunis en des concrétions siliceuses dans lesquelles se voient dispersés en grand nombre des tests d’infusoires en partie décomposés, et d’autres qui se sont conservés sans altération. M. Ehrenberg croit aussi avoir rencontré des traces de corps organisés microscopiques de forme sphérique, et dont quelques uns appartiennent peut-être au genre actuel pixidicula, dans le silex résinite de Champigny, de même que dans celui de la dolérite de Steinheim, près de Hanau, et de la serpentine de Kosemitzen Silésie, et dans l’opale noble du porphyre de Kaschau. Les bandes blanches et opaques qui se voient dans certains silex de la craie lui ont également offert des corps microscopiques, soit sphériques, soit en aiguilles, qu’il regarde comme étant d’origine organique. Ces corps sont surtout abondans dans la croûte siliceuse blanche dont les silex sont revêtus, et dans la silice pulvérulente que contiennent parfois leurs cavités ; mais on n’en distingue pas dans la substance intérieure noire du nodule. L’existence actuelle d’infusoires marins rend probable qu’il existait aussi des animaux de cette classe dans les mers anciennes où se sont déposés les terrains stratifiés.