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VEINES MÉTALLIFÈRES.

dispositions sont complètement indépendans du succès d’une ou de plusieurs des hypothèses que l’on a proposées pour en rendre compte. Quels que soient, en effet, les procédés qui ont rempli les veines minérales de leurs précieuses richesses ; que ce soit exclusivement par ségrégation ou par sublimation que ces métaux y ont été entassés, ou bien que ces deux méthodes y aient contribué, soit simultanément, soit consécutivement, l’existence même des filons n’en demeure pas moins un fait de la plus haute importance pour l’espèce humaine : et, bien que les bouleversemens ou les autres phénomènes auxquels ces filons doivent leur origine se soient accomplis à une époque de long-temps antérieure à la création de l’homme, la raison nous conduit à conclure qu’il dut entrer dans les desseins providentiels du Créateur, à l’époque où il déchaîna les forces physiques qui ont produit quelques uns des bouleversemens les plus anciens et les plus violens dont notre globe ait été le théâtre, un souci providentiel des besoins et du bien-être des créatures les plus parfaites qui dussent avoir la terre pour demeure, et qui devaient être appelées les dernières à prendre leur place à sa surface[1].

    siècles ; de là des aiguillons pour l’industrie, et pour l’exercice des facultés de l’esprit qui sont pour nous la plus abondante source de bonheur. Si les métaux eussent été placés de façon à pouvoir être extraits sans peine, on en eût eu trop dans certaines circonstances, on en eût manqué dans d’autres ; et leur recherche n’eût exigé ni intelligence ni habileté.

    Dans l’état actuel des choses, ils me paraissent en accord complet avec les plans parfaits d’un créateur plein de sagesse, plans dont la vue et la contemplation nous procurent tant de jouissances. »

  1. Cette partie de l’histoire des métaux, qui a trait à leurs propriétés et à leurs usages divers, ainsi qu’à leurs rapports avec la condition physique de l’homme à la surface de la terre, a été exposée d’une manière si complète et avec tant d’habileté par deux des savans qui se sont associés à moi pour l’exécution de cette série de traités, que j’ai plus de plaisir à renvoyer mes lecteurs aux chapitres qu’ont écrits sur ce sujet le docteur Kidd et le docteur Prout, que je n’en aurais à remonter moi-même, dans l’histoire de la production des veines métallifères, jusqu’aux points où elles prennent leur origine dans l’intérieur du globe.

    Un des hommes qui ont écrit les premiers et avec le plus d’originalité sur la théologie physique, a résumé dans le peu de mots qui suivent l’importance des métaux pour l’humanité.

    « Quant aux métaux, ils sont à tant de titres utiles à l’espèce humaine, et leurs usages sont si bien connus de tout le monde, que ce serait peine superflue que d’en dire quelque chose. Sans eux en effet toute culture et toute civilisation seraient impossibles ; point de charrues ni d’agriculture, point de faux ni de récoltes, point de bêches ni de jardinage, point de serpette ni d’horticulture, point de greffe ni de culture des arbres, point d’ustensiles ni de meubles de ménage, point de maisons commodes ni d’édifices publics, point de vaisseaux ni de navigation. Quelle condition sauvage et misérable eût nécessairement été la nôtre ! C’est ce que nous pouvons facilement comprendre en voyant la condition des Indiens de l’Amérique du nord. Nous ferons seulement remarquer que, parmi ces métaux, ceux qui sont d’un usage plus fréquent et plus nécessaire, comme le fer, le cuivre et le plomb, sont ceux qui se rencontrent le plus fréquemment et en plus grande abondance : d’autres, qui sont plus rares, sont aussi d’un usage moins fréquent ; cependant ils sont, par cela même, utilisés comme mesure commune et comme terme de comparaison pour tous les besoins de la vie. C’est en effet avec ces métaux que se font les monnaies. Les peuples de toutes les nations civilisées de toutes les époques les ont employés à cet usage. — Ray. Wisdom of God in the création, 1re partie, 5e édition, 1709, page 110.