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SERVICES RENDUS PAR LES FAILLES.

qu’elles jettent souvent le désordre dans les portions des couches qui se trouvent en contact immédiat avec elles, n’en sont pas moins, considérées dans l’ensemble de leurs résultats, la sauve-garde des exploitations et les digues à l’abri desquelles peuvent s’en exécuter tous les travaux[1].

Ces mêmes failles, outre l’obstacle qu’elles opposent à l’envahissement, par d’énormes quantités d’eau, de points où les inondations seraient des causes de grands dommages, nous rendent encore d’autres services de la plus grande importance, en s’emparant de ces mêmes eaux dans un but utile et les amenant à la surface où elles se déversent en une série de sources

  1. Si une mine de houille où l’eau abonde, dit M. Buddle, n’était pas coupée par des dikes, l’exploitation en serait rendue impraticable, la masse tout entière des eaux qui y pourrait être contenue coulant sans interruption dans toutes les cavités qui peuvent s’y trouver. Les failles remplissent l’office des caissons que l’on emploie pour la construction des ponts, et partagent la houillère en des districts séparés les uns des autres. Lettre de M. John Buddle, ingénieur distingué et inspecteur des mines, à Newcastle, écrite au, révérend docteur Buchland, le 30 novembre 1831.

    En creusant les galeries d’une mine de houille, les mineurs évitent avec soin de s’approcher trop d’une faille, car ils savent que s’ils venaient à détruire cette barrière naturelle, une éruption des eaux qui sont amassées de l’autre côté, et l’inondation de leurs travaux, en seraient une conséquence fréquente.

    Vers l’an 1825, on creusa à Gosforth, aux environs de Newcastle, an puits de quatre-vingt-dix brasses du côté mouillé d’un dike, et ce puits se trouva tellement inondé que force fut de l’abandonner. Un autre puits fut entrepris du côté sec du même dike, à quelques mètres seulement du premier, et l’on y put descendre jusqu’à une profondeur de deux cents brasses sans avoir éprouvé aucun obstacle de la part des eaux.

    On construit parfois dans les mines de houilles des digues artificielles destinées à remplacer les barrières naturelles des dikes et des failles. M. Hutton en a construit dernièrement une de cette nature près de Manchester, dans le but d’arrêter l’eau qui descendait de la partie supérieure des couches poreuses dans la portion basse desquelles il exécutait ses excavations, et dont la continuité s’est trouvée ainsi interrompue.