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GROUPE CARBONIFÈRE.

Nous ne manquerions pas de faits qui prouveraient que la houille est pour l’espèce humaine une base sur laquelle repose l’accroissement de la population, des richesses et du pouvoir,

    conformément aux conclusions d’une commission, le mode d’estimation usité jusqu’alors fut aboli, et le poids substitué à la mesure. Cette disposition a eu pour résultat qu’une quantité considérable de houille est maintenant embarquée pour le marché de Londres dans l’état où elle est extraite de la mine. Après le débarquement, la houille menue est séparée du reste, et s’emploie comme combustible pour divers usages ordinaires, avec autant d’avantage que la plus grande partie de celle qui se vendait à Londres avant que la loi eût été modifiée.

    Toutefois, bien qu’elle ait déjà diminué, la destruction des houilles dans les tas enflammés des environs de Newcastle se continue encore dans des proportions tellement effrayantes, qu’il faut que des dispositions expresses viennent enfin y mettre un terme ; car elle aura pour conséquence inévitable d’épuiser, avant qu’il soit longtemps, les couches les plus rapprochées de la surface, et les plus voisines de la côte ; un accroissement de prix en sera la conséquence pour tous les points de l’Angleterre qui s’approvisionnent à ce bassin houiller de Newcastle, qui devra s’épuiser enfin à une époque plus rapprochée d’un tiers que s’il eût été exploité avec sagesse. (Voyez le Rapport de la commission de la chambre des communes sur l’état de l’industrie houillère, 1830, page 242.Voyez aussi M. Bakewell, Introduction to Geology, 1833, pages 183 et 345.)

    De même que la loi est pleine d’équité lorsqu’elle intervient pour empêcher la violation de la vie et de la propriété, on pensera aussi qu’il serait dans ses prérogatives d’imposer des bornes à toute destruction inutile du charbon minéral, puisque l’épuisement de ce précieux combustible aurait pour résultat de paralyser irrévocablement l’industrie de plusieurs millions d’hommes. Qu’un propriétaire abandonne ou cultive la terre qui lui appartient, et qu’il dispose des produits qu’il en retire, comme le veulent son caprice ou ses intérêts, il n’anéantira pas le sol, qui passera aux mains de son successeur, toujours propre à être rendu à l’agriculture. Mais s’il existait des moyens physiques d’anéantir le sol, et par conséquent de porter ainsi aux intérêts des générations à venir d’irréparables atteintes, la législature aurait droit d’intervenir et d’arrêter cette destruction des ressources futures de la nation. Notre Angleterre, favorisée du ciel, a reçu dans les richesses minérales de ses couches de houille des trésors incomparablement plus précieux que ne le seraient des mines d’or ou d’argent. Mettons hardiment à profit ces dons précieux du Créateur, pour alimenter les sources de nos richesses et de notre industrie ;