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QUESTION D’AVENIR POUR L’ESPÈCE HUMAINE.

pourraient fournir immédiatement trois ou quatre cent millions d’hommes, on sera stupéfait en voyant combien la houille, le fer et la vapeur ont d’influence sur les destinées et sur la fortune de l’espèce humaine. — « Elle s’est emparée des fleuves, dit M. Webster, et le batelier peut se reposer sur ses rames ; elle est sur les routes élevées, et nous l’y voyons s’exercer au voiturage par terre ; elle est au fond des mines, à mille pieds plus bas que la surface de la terre (et il aurait pu dire à 1800 pieds). Nous la retrouvons également dans les moulins et dans les ateliers de l’industrie. Elle rame, pompe, creuse, charrie, traîne, soulève, forge, file, tisse, imprime[1]. »

  1. La houille ne se renouvelle pas en Angleterre, et les causes auxquelles elle doit son origine n’agissent plus pour en former de nouveaux lits, tandis que, par suite de l’accroissement graduel de la population et des nouvelles applications que l’on fait chaque jour des machines à vapeur, la consommation va sans cesse en augmentant avec une rapidité de plus en plus grande. Ce sont donc des problèmes du plus puissant intérêt, pour un pays où l’existence d’une portion aussi considérable de la population repose sur des machines ayant la houille pour principe d’action, que ceux relatifs à l’art d’économiser ce combustible précieux : aussi ne quitterons-nous pas ce sujet important avant d’avoir exposé quelques observations sur un usage qui ne peut être considéré que comme une calamité nationale digne de fixer toute l’attention de la législature.

    C’est un fait presque incroyable et dont nous avons pourtant eu sous les yeux, pendant plusieurs années, le spectacle pénible, que plus de trente-six millions de boisseaux, c’est-à-dire près du tiers des meilleures houilles que fournissent les mines des environs de Newcastle, sont détruits chaque année, et jetés en tas qui brûlent continuellement près de chacune des fosses d’extraction qu’il y a dans ce district.

    Cette destruction a sa cause dans certaines dispositions législatives, en vertu desquelles la houille, à Londres, ne se vend et ne s’estime qu’à la mesure et non au poids. Plus la houille est brisée, plus elle occupe d’espace ; il est donc de l’intérêt de chaque marchand de houille de l’acheter en aussi gros morceaux que possible, pour ne la revendre qu’après l’avoir réduite dans les fragmens les plus petits. C’est pourquoi les propriétaires de mines n’envoient au marché la houille qu’en gros morceaux, et font détruire celle qui est en petits fragmens.

    En 1850, l’attention du parlement fut appelée sur de désordre ; et,