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LES DÉCOUVERTES GÉOLOGIQUES

avec le globe, et surtout avec l’espèce humaine, et nullement de leur importance réelle dans l’immensité de l’univers. Et n’est-il pas impossible que nous mettions les étoiles fixes au nombre des corps que la Genèse (I, 17) nous dit avoir été placés à la voûte des cieux pour répandre la lumière sur la surface de notre globe, alors que, sans le secours du télescope, le plus grand nombre de ces corps célestes demeure invisible ? Le même principe paraît dominer la description de la création, quant à ce qui concerne notre planète ; la formation des matériaux qui la composent une fois annoncée dans le premier verset, les phénomènes de la géologie comme ceux de l’astronomie ont été passés sous silence, et la narration arrive sans intermédiaire aux détails de la création actuelle dont les rapports avec l’homme sont plus immédiats[1].

  1. Les observations suivantes de l’évêque Gleig, bien qu’à l’époque où il les écrivait il ne fût pas entièrement convaincu de la réalité des faits annoncés par les découvertes géologiques, nous font voir qu’il partageait dès lors cette opinion que le récit de Moïse pouvait sans inconvénient s’interpréter en admettant que l’existence de l’espèce humaine a été précédée d’un laps de temps indéfini.

    « Je suis très-disposé à croire que la matière dont se compose l’univers a été créée d’un seul jet, quoique plusieurs portions aient reçu leur dernière forme à des époques très-diverses. À quelle époque précise l’univers fut-il créé, ou combien de temps le système solaire demeura-t-il dans le chaos ? ce sont là autant de vaines questions auxquelles on ne peut faire aucune réponse. Moïse nous raconte l’histoire de la terre, seulement dans son état actuel : il nous annonce qu’elle fut créée, et qu’elle était vide et informe alors que l’esprit de Dieu flottait à la surface des eaux. Mais il ne nous dit pas combien long-temps dura cet état de chaos, ni si c’étaient ou n’étaient pas les débris de quelque système plus ancien qu’auraient habité des créatures vivantes de races différentes de celles qui existent maintenant à sa surface. Du reste, ceci n’a point pour but de répondre au reproche souvent fait à la cosmogonie de Moïse de n’accorder aux œuvres de la création qu’une antiquité de six ou sept mille années tout au plus ; car nulle part dans les livres sacrés Moïse n’a donné cette détermination. Quelque éloignée d’ailleurs que soit l’époque où Dieu créa le ciel et la terre, et selon toute probabilité elle l’est