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STIGMARIA.

sont ensevelies ; leurs traces ont été suivies jusqu’à une longueur de trois pieds, et l’on assure même davantage[1].

On rencontre des fragmens de ces plantes en très grande abondance dans plusieurs des couches qui accompagnent la houille ; et on les a signalées depuis long-temps au sein du grès que l’on désigne sous les noms de gannister et de crowstone, dans les houillères des comtés d’York et de Derby ; on les avait prises à tort pour des fragmens de tiges de cactus.

La découverte des dômes centraux dont nous avons parlé, en même temps que la longueur et la conformation des feuilles et des branches, rendent fort probable que les stigmaria étaient des plantes aquatiques qui se traînaient sur la vase des marécages, ou qui flottaient à la surface de lacs petits et tranquilles, comme le font de nos jours les Stratitoes et les Isoetes. Dans ces situations, les stigmaria ont pu être entraînées par les mêmes inondations qui ont effectué le transport des fougères et des autres végétaux terrestres qui leur sont associés dans la formation houillère. La forme du tronc et des rameaux prouve que ce n’ont pu être des végétaux qui se soient soutenus dans l’air ; ils ont dû par conséquent ramper sur le sol, ou flotter à la surface des eaux[2]. C’étaient probablement des végétaux

    56, fig. 10, a), entouré de faisceaux vasculaires qui communiquent avec les tubercules extérieurs, et rappelant l’axe interne des tiges de certaines espèces de cactus.

  1. Toutes ces conditions sont celles qu’une plante flottant habituellement avec ses feuilles étendues dans toutes les directions aurait conservées après avoir été entraînée au fond d’un golfe, pour y être graduellement enveloppée dans les sédimens d’une boue vaseuse.
  2. La forme et la position des feuilles, si on suppose qu’elles se sont développées dans tous les sens à la surface des branches suspendues horizontalement dans les eaux, n’ont dû subir que peu de changement, pendant leur transport dans la mer ou dans le golfe, non plus que lorsqu’elles sont tombées au fond pour y être ensevelies dans un sédiment de vase ou de sable. Cette hypothèse semble trouver un nouvel appui dans l’observation que l’on a faite à Jarrow que les extrémités des branches