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TRILOBITES.

Dans celle comparaison que nous venons d’établir entre les yeux des trilobites et ceux du limule, des seroles et des branchippes, nous avons étudié les yeux, ces organes de tous les plus délicats et les plus complexes, dans des animaux qui ont vécu à toutes les périodes extrêmes et intermédiaires de la série des créations progressives. Les trilobites des roches de transition, animaux que nous devons compter au nombre des formes les plus anciennes que la vie ait revêtues, offrent dans ces organes les mêmes modifications que nous voyons encore de nos jours s’adapter aux mêmes fonctions dans le genre serole de la création actuelle ; et les mêmes formes dans les mêmes instrumens se montrent également pendant la durée de ces périodes intermédiaires de la chronologie géologique, pendant lesquelles les couches secondaires se déposèrent au fond des mers chaudes qu’habitaient les limules, dans les régions de l’Europe qui constituent maintenant les plaines élevées de l’Allemagne centrale.

Les conséquences auxquelles ces faits nous conduisent n’intéressent pas seulement la physiologie animale ; elles nous instruisent aussi sur la condition des mers et de l’atmosphère des temps anciens, et sur les rapports de la lumière avec l’un et l’autre de ces deux milieux, à cette époque reculée où les animaux marins les plus anciens étaient pourvus d’organes de vision, dont les arrangemens optiques les plus minutieux étaient les mêmes qui servent encore maintenant à transmettre la sensation de la lumière aux crustacés du fond de nos mers actuelles.

Relativement à la nature des eaux où vivaient les trilobites pendant la période de transition tout entière, nous arrivons à cette conclusion que ce n’était pas ce liquide imaginaire trouble, et formé d’un chaos d’élémens en désordre dont les précipitations, au dire de certains géologues, auraient produit les matériaux constituans de l’écorce du globe. Car le liquide, au