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LES DÉCOUVERTES GÉOLOGIQUES

passe les forces de la race humaine placée dans les conditions physiques et morales où nous la voyons ; elle serait en contradiction manifeste avec les vues que la divinité s’est proposées toutes les fois qu’elle s’est communiquée par des révélations. Ces sortes de manifestations ont eu pour but de donner à l’homme des lumières morales, et non des connaissances scientifiques.

Diverses hypothèses ont été proposées dans le but de faire concorder les phénomènes géologiques avec la narration concise que Moïse nous a faite de la création. C’est ainsi que plusieurs ont voulu expliquer par le déluge de la Genèse la formation des couches stratifiées, opinion incompatible avec l’épaisseur énorme et les subdivisions en nombre immense que présentent ces couches, avec la variété infinie et la constante régularité suivant laquelle s’y succèdent les restes d’animaux et de végétaux, dont les différences avec les espèces actuelles sont en raison directe de leur antiquité et des profondeurs où elles se trouvent. Ce fait que la plus grande partie de ces restes appartiennent à des genres éteints, et presque tous à des espèces perdues, lesquels ont vécu, se sont reproduits et ont péri sur le lieu même où on les trouve, ou à une distance très-rapprochée, prouve que toutes ces couches ont été successivement et lentement déposées, durant des périodes d’une longue durée et à de grands intervalles. De ces végétaux et de ces animaux il est impossible qu’aucun ait fait partie de la création à laquelle nous appartenons immédiatement.

Suivant d’autres, ces couches auraient été formées au fond des eaux dans l’intervalle qui s’est écoulé entre la création de l’homme et le déluge des livres sacrés ; et, à cette dernière époque, les portions primitivement élevées au-dessus du niveau des mers, et qui formaient les continens antédiluviens, se seraient engouffrées sous les eaux, tandis que l’ancien lit des