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EXISTENCE D’UN RÉSERVOIR D’ENCRE.

L’existence chez ces animaux d’un réservoir d’encre aussi grand rend très probable à priori qu’ils manquaient de coquille externe ; car cette arme défensive, d’après ce que nous en savons, est donnée exclusivement en partage aux céphalopodes nus et dépourvus de la protection que trouve dans sa coquille le nautile flambé. On n’a jamais rencontré ni encre, ni réservoir destiné à la contenir, dans aucune espèce de nautile ou d’ammonite fossile. Or si une substance semblable eût existé chez les animaux qui en occupaient la chambre antérieure, on en eût rencontré quelques traces dans ces couches du lias de Lyme-Regis où abondent les nautiles et les ammonites, et où se voit si parfaitement conservée l’encre des céphalopodes nus.

    est parcourue transversalement par des ondulations légères, correspondant probablement aux diverses périodes d’accroissement. Mademoiselle Baker possède une bélemnite de l’oolite inférieur des environs de Northampton, dans laquelle, une moitié de cette enveloppe fibreuse se trouvant enlevée, la structure de la coquille conique de l’alvéole se montre imprimée sur une masse de minerai ferrugineux qui s’est moulé à l’intérieur ; et l’on y voit des stries onduleuses d’accroissement toutes pareilles à celles de l’extérieur de la coquille du nautile flambé.

    M. de Blainville, bien qu’il n’eût vu aucun échantillon dans lequel la chambre cornée antérieure eût été conservée, avait été conduit à prononcer qu’un semblable organe devait exister dans ces coquilles fossiles, d’après l’étude qu’il avait faite des genres voisins, et l’échantillon que nous avons sous les yeux confirme la justesse de ses raisonnemens : — « Par analogie, elle était donc évidemment dorsale et terminale ; et, lorsqu’elle était complète, c’est-à-dire pourvue d’une cavité, l’extrémité postérieure des viscères de l’animal (très probablement l’organe sécréteur de la génération et partie du foie) y était renfermée. » — Blainv., Mèm. sur les Bélemnites ; 1827, p. 28.

    Le comte Munster (Mèm. géol. par A. Boue ; 1832, t. 1, pl. 4, fig. 1, 2, 3, 15) a publié des figures de bélemnites très complètes, provenant de Solenhofen : et l’on voit dans quelques unes l’étui corné antérieur conservé dans une longueur égale à la portion solide calcaire elle-même de la bélemnite (pl. 44′, fig. 10, 14, 12, 13) ; mais aucune n’offre de traces d’un réservoir d’encre.