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CONSTRUCTION DES COQUILLES.

qu’elles fussent pourvues de quelque appareil spécial destiné à les en préserver[1], que suivant la plupart des zoologistes ces mollusques ont vécu dans les grandes profondeurs des mers[2].

Ici nous trouvons encore les procédés de l’art humain mis depuis long-temps en œuvre par la nature ; ces supports, qui soutiennent en dedans l’effort extérieur de l’eau sur la coquille des ammonites, rappellent par leur disposition les étais transversaux qu’emploie l’ingénieur pour soutenir l’arche en bois qui doit supporter la voûte en pierre qu’il veut construire.

Dans toute la famille des ammonites, jamais ces supports n’offrent la courbure simple que l’on observe dans les cloisons transversales de la coquille du nautile ; et nous trouvons une raison probable de cette différence dans la minceur comparativement plus grande de la coquille externe chez la plu-

  1. Le capitaine Smith a vu à deux reprises différentes un tube cylindrique en cuivre, rempli d’air, et fixé au plomb d’une sonde d’une construction particulière, écrasé et complètement aplati sous la pression d’environ trois cents brasses d’eau. Une bouteille ordinaire ne contenant que de l’air, et bien bouchée, est écrasée avant d’être parvenue à quatre cents brasses de profondeur. Le même observateur s’est assuré que si l’on remplit une bouteille avec de l’eau douce, le bouchon sera refoulé dans l’intérieur dès une profondeur d’environ cent quatre-vingts brasses. Dans ce cas le liquide refoulé est remplacé par de l’eau salée, et il arrive parfois que le bouchon, dont la résistance a été forcée, se trouve retourné dans une position contraire à celle qu’il avait auparavant.

    Je tiens aussi du capitaine Beaufort qu’il a souvent plongé dans la mer, à plus de cent brasses, des bouteilles, les unes vides, et d’autres remplies d’un liquide. Les bouteilles vides étaient parfois écrasées ; d’autres fois le bouchon était chassé à l’intérieur, et elles revenaient pleines d’eau de mer. Le bouchon de celles qui contenaient un liquide était constamment repoussé à l’intérieur ; le liquide était remplacé par de l’eau salée, et le bouchon se trouvait toujours de retour dans le col de la bouteille, quelquefois retourné, mais non dans tous les cas.

  2. Voyez Lamarck, qui sur ce point cite en la confirmant l’opinion de Bruguières.— Anim ; sans vertèbres, t. 7, pag. 635.