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STRUCTURE DES OSSELETS DORSAUX.

Paley, avec son bonheur ordinaire, a décrit admirablement l’unité et l’universalité de la Providence, qui veille à tout avec un égal souci ; qui enveloppe Saturne d’un anneau de soixante-dix mille lieues de diamètre, jeté sur la tête des habitans de la planète comme l’arche d’un pont grandiose, et qui ajuste un mécanisme exprès pour enrouler les fibres qui constituent les plumes du colibri. Les géologues n’ont pas à décrire des agencemens moins curieux ni des mécanismes moins délicats, depuis l’enveloppe externe tout entière de notre planète jusqu’aux ondulations les plus minutieuses des moindres fibres qui constituent les lames dans les pennes, du calmar fossile.

Ces osselets dorsaux, nous les retrouvons associés précisément de la même manière à ce même réservoir intérieur de l’encre qui est l’arme défensive des calmars habitans de nos mers actuelles, et nous en concluons qu’un ensemble d’arran-

    et pl. 30 La troisième partie est la flèche élargie qui forme la portion médiane de la penne ; une ligne droite, ou axe, C, la partage longitudinalement en deux parties égales. Cette flèche est formée de nombreuses lames minces d’une substance qui ressemble à de la corne, et qui se recouvrent mutuellement comme les feuilles de papier qui entrent dans la composition du carton. Ces lames sont alternativement formées par des fibres longitudinales et par des fibres transversales ; les fibres longitudinales (pl. 28, fig. 7, f. f) sont droites et à peu près parallèles à l’axe de la flèche ; les fibres transverses (pl. 28, fig. 7, e. e) sillonnent la flèche d’une double série symétrique de courbes ondulées. Ces fibres transverses ne s’entrelacent pas avec les fibres, longitudinales comme la trame du tisserand avec la chaîne, mais elles leur sont seulement juxta-posées, et adhérentes comme les feuillets du papyrus dans le papier que l’on fabrique avec cette matière. La solidité d’un papier pareil est de beaucoup supérieure à celle du papier que l’on fait avec le lin ou le coton, et dont les fibres prennent toutes sortes de directions. Les fibres de l’une et de l’autre sorte se réunissent aussi de distance en distance, en des faisceaux cannelés (pl. 30 d et e). La surface d’une même lame offre par conséquent une succession de rides et de sillons, et les surfaces de deux lames consécutives s’ajustent l’une contre l’autre d’une façon qui réunit admirablement, dans l’ensemble qui en résulte, la force et l’élasticité.