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MODE DE SUCCESSION DES MOLLUSQUES.

bris des trachelipodes carnivores, et tout nous porte à adopter cette conclusion à laquelle est arrivé M. Dillwyn, que : « dans les formations supérieures à la craie, la disparition subite et presque complète qui a eu lieu d’une tribu rapace a été compensée par la création d’un grand nombre de nouveaux genres et de nouvelles espèces pourvues des mêmes appétits et organisées de manière à se procurer leur proie à l’aide de moyens tout différens de ceux qu’employaient les céphalopodes. »

Il paraît donc qu’il est entré dans les desseins du Créateur que la mer fût remplie à toutes les époques, et que la surface de la terre fût couverte du plus grand nombre possible d’êtres organisés et en possession de l’existence ; et que, depuis le moment où commença la vie jusqu’à l’heure actuelle, un seul moyen d’exécution a toujours été mis en œuvre, qui consiste à faire du règne végétal la base de la vie organique chez les animaux, et à centupler la somme de bien-être accordée à ces derniers, en livrant les espèces herbivores à la dent vorace des carnivores[1].

M. de la Bêche a publié récemment, un tableau dans lequel il fait voir que le poids spécifique et la solidité des coquilles de plusieurs genres actuellement existans sont en rapport avec les habitudes et avec le séjour de l’animal pour lequel elles ont été construites ; et il en déduit des preuves d’un plan primitif pareilles à celles qui sont résultées

  1. M. Dillwyn fait encore observer que tous les trachelipodes herbivores marins des couches de transition et des couches secondaires étaient pourvus d’un opercule que l’on pourrait regarder comme destiné à les défendre contre les céphalopodes carnivores qui pullulaient à cette époque, mais que dans les formations tertiaires on rencontre une foule de genres herbivores dépourvus de cet appendice, comme si c’était en effet parce qu’un semblable bouclier était devenu inutile après que les ammonites et les genres voisins des céphalopodes carnivores avaient disparu à la fin de la période secondaire, c’est-à dire après le dépôt de la craie.