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CHANGEMENS DANS LES GENRES ET DANS LES ESPÈCES.

L’esprit est grandement satisfait de l’accord qui existe entre ces conclusions et celles auxquelles les géologues ont été conduits par d’autres données. Quant aux faits de détail dont elles sont la conséquence, ils seront exposés par M. Agassiz dans un ouvrage en plusieurs volumes qui formera une suite aux ossemens fossiles de Cuvier. Je prendrai dans les parties de cet ouvrage qui ont déjà paru, et dans les communications que l’auteur a bien voulu me faire, un petit nombre d’exemples qui feront connaître quelques unes des familles les plus remarquables des poissons fossiles.

Il paraît bien démontré qu’il n’en est pas de ces vertébrés comme d’une grande partie des zoophytes et des mollusques, dont les changemens ne s’opèrent d’une formation à une autre que par des degrés insensibles. On ne voit pas des genres ou même des familles se maintenir dans plusieurs séries successives de grandes formations ; mais chez les poissons fossiles les changemens s’opèrent brusquement et dans des points précis de la succession verticale des couches, et rappellent les variations soudaines des reptiles et des mammifères fossiles[1]. Il n’est pas une seule de leurs espèces qui ait appartenu

    carbonifère ne se rencontrent plus après le zechstein, ou calcaire magnésien. Ceux de la série oolitique sont tous postérieurs au zechstein, et disparaissent subitement dès que commencent les formations crétacées. Les genres de ces dernières formations sont les premiers qui se rapprochent des genres actuels. Ceux des dépôts tertiaires inférieurs de Londres, de Paris et du Mome-Bolca sont plus voisins que les précédens des formes que nous avons maintenant sous les yeux, et les poissons fossiles d’Œningen et d’Aix leur sont encore unis par des rapports plus étroits, bien qu’aucune de leurs espèces ne paraisse avoir échappé à la destruction.

  1. M. Agassiz fait observer que les poissons fossiles d’une même formation offrent une plus grande variété d’espèces dans des localités éloignées les unes des autres que ne le font les coquilles ou les zoophytes des étages correspondans de la même formation. Cette circonstance, ajoute-t-il, s’explique aisément par le pouvoir de locomotion plus grand