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POISSONS FOSSILES.

tellement constans, qu’il suffit souvent de la conservation d’une seule écaille pour que l’on puisse reconnaître le genre et jusqu’à l’espèce à laquelle appartient l’animal d’où elle provient, de la même manière qu’il suffit de certaines plumes pour faire reconnaître à d’habiles ornithologistes le genre et l’espèce auxquels appartient un oiseau. Une autre conséquence, c’est que la nature des tégumens nous faisant connaître les relations qui existent entre les animaux et le monde extérieur, nous sommes conduits pour les poissons à la connaissance de ces relations par cette étude de leur système tégumentaire[1] ; car leurs écailles forment une sorte de squelette externe, analogue aux tégumens calcaires ou cornés des animaux articulés, aux plumes des oiseaux, à la fourrure des quadrupèdes, appendices qui nous instruisent beaucoup mieux que la charpente intérieure elle-même, sur les relations de ces divers êtres avec le milieu pour lequel ils ont été créés.

Enfin il est encore une considération qui ajoute aux avan-

  1. C’est parce que la peau traduit mieux qu’aucun autre organe les rapports d’un animal avec l’élément dans lequel il se meut, que M. Agassiz a fondé la distribution des poissons sur les caractères fournis par l’enveloppe cutanée.

    Les formes et l’état des plumes et du duvet font connaître les relations des oiseaux avec l’air dans lequel ils volent, ou avec l’eau dans laquelle ils nagent ou plongent. Les fourrures, le poil, les soies, qui recouvrent la peau des mammifères sont en harmonie avec le point que ces derniers occupent de la surface terrestre, avec le climat qui y règne et les fonctions qu’ils y remplissent. Les écailles des poissons sont de même en harmonie avec la place qu’occupent les poissons et les fonctions qu’ils remplissent au dessous de la surface des eaux.

    M. Burchell m’apprend que, d’après les observations qu’il a eu occasion de faire tant en Afrique que dans l’Amérique du sud, on pourrait trouver dans les écailles des ophidiens la base d’un arrangement naturel de cet ordre de reptiles, et que l’on peut regarder comme l’un des caractères distinctifs du groupe auquel appartiennent la vipère et presque tous les serpens venimeux, d’avoir une carêne, ou crête aiguë sur chacune des écailles dorsales.