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POISSONS FOSSILES.

d’attention par suite de l’imperfection de nos connaissances sur les poissons actuellement existans. Les retraites inaccessibles qu’ils habitent au fond des eaux rendent l’étude de leur nature et de leurs habitudes beaucoup plus difficile que de celles des animaux terrestres. La distribution de cette grande et importante classe de vertèbres est la dernière œuvre dont s’est occupé Cuvier peu de temps avant sa mort à jamais déplorable, et ses observations ont embrassé près de huit mille espèces de poissons actuellement vivantes. Il a laissé à ses habiles successeurs le soin de développer leur histoire, de les énumérer, et de dire les fonctions qu’elles remplissent dans la nature.

Ce fait, que de vastes portions de la surface de la terre se sont formées au fond des eaux, nous donne à espérer que nous rencontrerons des traces de l’existence primitive des poissons partout où s’offrent des restes de mollusques aquatiques, d’articulés et de rayonnés. Et un certain nombre de localités remarquables sont en effet déjà depuis long-temps célèbres comme offrant des dépôts de poissons fossiles[1]; mais les relations géo-

    maux avaient produites sur la table inférieure à travers la marne, tandis qu’elle était encore assez molle pour prendre l’empreinte, et déjà assez ferme pour la conserver.

  1. Les dépôts de poissons fossiles les plus célèbres de toute l’Europe sont la formation houillère de Saarbruck en Lorraine, le schiste bitumineux de Mansfeld dans la Thuringe, le schiste calcaire lithographique de Solenhofen, l’ardoise bleue compacte de Glaris, le calcaire du Monte Bolca près de Vérone, la marne d’Œningen en Suisse, et d’Aix en Provence.

    Tous les essais que l’on a faits pour arriver à un arrangement systématique de ces poissons fossiles sont toujours demeurés impuissans, parce qu’on a voulu les ranger dans les familles et dans les genres actuellement existans. L’imperfection de notre classification actuelle des poissons et de toutes celles qui l’ont précédée est un fait admis par Cuvier ; et ce qui prouve combien cette distribution est imparfaite en effet, c’est qu’elle n’a conduit à aucun résultat général pour l’histoire naturelle, la physiologie ou la géologie.