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SAURIENS AMPHIBIENS.

mêlés à ceux d’autres reptiles et de coquilles qui ont certainement vécu dans les eaux de la mer. Cuvier fait observer que ce premier fait, joint à ce qu’on les rencontre dans un grand nombre d’autres circonstances en compagnie de tortues d’eau douce, démontre qu’il exista des terres fermes arrosées par des rivières dès l’époque reculée où ces couches furent déposées, et long-temps avant la formation des couches lacustres tertiaires des environs de Paris[1]. La famille des crocodiliens comprend maintenant douze espèces, dont un gavial, huit crocodiles vrais, et trois caïmans. Il existe en outre un grand nombre d’espèces fossiles ; Cuvier en a établi lui-même jusqu’à six, et il en est plusieurs appartenant aux formations secondaires et tertiaires de l’Angleterre qui n’ont pas encore été décrites[2].

  1. M. Geoffroy St Hilaire a formé, avec les sauriens fossiles qui ont on bec étroit et alongé comme celui du gavial, les deux nouveaux genres téléosaurus et sténéosaurus. Chez le premier, les narines sont avec l’extrémité du museau dans un plan presque vertical (pl. 25′, fig. 2) ; chez le sténéosaurus, fig. 3, le canal nasal s’ouvre presque de la même manière que chez le gavial, se dirigeant en haut, et se recourbant de chaque côté de façon à former à peu près un demi-cercle. (Recherches sur les grands Sauriens.)
  2. Un des plus beaux échantillons du genre fossile téléosaurus que l’on ait découvert jusqu’ici (pl. 25, fig. 1) le fut, en 1824, dans le schiste alumineux de la formation lias, à Saltwick, près de Whitby, et il a été figuré par MM. Young et Bird, dans leur Geological Survey of the Yorkshire coast, 2e édition, 1828. Il a environ dix-huit pieds de longueur totale : la tête est large de douze pouces ; le museau long et mince comme chez les gavials ; les dents, au nombre de cent quarante, sont toutes petites et minces, et rangées sur une seule ligne presque droite. Nous avons représenté, figure 2 et 3 de la même planche, la tête de deux autres individus de la même espèce que l’on a trouvés aux environs de Whitby.

    Quelques phalanges onguéales conservées à la patte postérieure de cet échantillon (fig. 1) prouvent que ces extrémités se terminaient par des ongles longs et tranchans propres à la locomotion terrestre ; d’où nous pouvons conclure que ce n’était pas un animal exclusivement marin : et la nature des coquilles qui se rencontrent associées avec les débris du