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IGUANODON.

larges ou plus étroites, sont à peu près les mêmes que dans ces puissantes tenailles en acier ; et l’on peut se convaincre que ces organes soit pour arracher, soit pour trancher, offrent les mêmes avantages[1].

On y observe deux arrangemens distincts dont le but est de maintenir toujours acérée leur arête tranchante, depuis la sortie des gencives jusqu’au moment où les dents étaient usées jusqu’à n’être plus qu’un tronçon. C’est d’abord leur arête aiguë et dentée qui descend des deux côtes, depuis la pointe jusqu’à la portion la plus élargie du corps de la dent. Puis, une compensation à la destruction graduelle de cette arête dentée, par l’application d’une lame mince d’émail à la face antérieure de la dent, laquelle conservait ainsi son fil acéré, tandis que le reste de sa substance se détruisait par suite de ses fonctions[2].

  1. La fig. 2 représente une dent récemment sortie, vue de face ; les figures 5, 6, 7, 8, quatre autres, vues à peu près de profil. Ces dents offrent une ressemblance frappante avec des cisailles, et leur arête supérieure est formée par une lame tranchante d’émail. Cette substance a été ici indiquée par des lignes onduleuses qui représentent en effet sa structure véritable : il n’en existe qu’à la surface antérieure de la dent, comme cela a lieu dans les incisives des rongeurs.
  2. De même que dans les rongeurs, la durée indéfinie du tranchant des dents était une conséquence de l’existence d’une lame d’émail qui revêt seulement leur face antérieure. La substance plus molle de l’intérieur, l’ivoire, devant s’user plus rapidement que l’émail, et d’autant plus rapidement qu’elle était plus éloignée de cette dernière lame, la couronne se trouvait ainsi toujours taillée obliquement, et conservait à sa partie antérieure une arête tranchante, comme cela a lieu dans des tenailles (fig. 7, 8, 12).

    Les dents jeunes, au moment de leur sortie, offraient la forme d’une lancette, avec un tranchant denté de chaque côté, s’étendant depuis la pointe jusqu’à la portion la plus élargie, ainsi que cela a lieu dans les iguanes contemporains (pl. 24, fig. 11 et fig. 4). La dentelure cessait là où la dent avait le plus grand diamètre, c’est-à-dire au point précis passé lequel, si elle se fût continuée, elle n’eût été d’aucun effet dans la fonction de couper (pl. 24, fig. 2, 6, 8, 9, 12). À mesure que ces arêtes en scie s’usaient plus complètement, elles étaient remplacées