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SAURIENS TERRESTRES GIGANTESQUES.

ne sont point logées dans des alvéoles distinctes comme celles des crocodiles, mais fixées, comme cela a lieu chez les lézards, à la face interne de l’os dental, auquel elles sont soudées par l’une des faces de la substance osseuse de leur racine[1].

Les dents des quadrupèdes herbivores, si l’on en excepte les défenses, forment deux groupes à fonctions bien distinctes, les incisives et les molaires ; les premières destinées à saisir et à arracher au sol ou aux plantes les substances végétales alimentaires, les autres à les broyer et à les préparer pour qu’elles descendent dans l’estomac. Les iguanes, bien qu’ils soient en grande partie herbivores, offrent une exception frappante & cette règle générale. Comme leurs dents sont peu propres au broiement des alimens, elles les laissent passer dans l’estomac presque sans leur avoir fait subir aucune division.

Le reptile géant qui nous occupe possède des dents tout à fait pareilles à celles de l’iguane, et d’un aspect tellement herbivore que Cuvier, au premier coup d’œil, pensa que ce devaient être celles de quelque rhinocéros.

L’étude de ces dents nous fera connaître de remarquables dispositions qui les rendent propres à la fonction de brouter des substances végétales, pelles, que les clathraria, et autres plantes analogues, que l’on rencontre ensevelies avec les restes de l’iguanodon. On, connaît la disposition et la force des tenailles en fer qui servent à arracher les clous du bois où ils sont enfoncés. Il est d’autres pinces ou cisailles encore plus puissantes destinées à couper des fils de métal, et qui les divisent avec autant de facilité qu’un fil est divisé par une paire de ciseaux. Les figures 6, 7, 8 et 12 de la pl. 24 font voir que, dans les dents de l’iguanodon, la place qu’occupent les bords tranchans, leur mode de courbure, les points où elles deviennent plus

  1. pl. 24, fig. 13.