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SAURIENS TERRESTRES GIGANTESQUES.

Ces dents, par la réunion d’arrangemens mécaniques qui entre dans leur structure, tiennent tout à la fois du couteau, du sabre et de la scie[1]. Lorsqu’elles commencent à sortir de la gencive[2], leur sommet présente un tranchant double d’un émail denté en scie. Leur position alors, ainsi que la ligne suivant laquelle s’exerce leur action, sont à peu près verticales, et elles forment comme une sorte de sabre à pointe doublement tranchante. À mesure que ces dents s’accroissent, elles prennent une courbure en arrière qui leur donne la forme d’une serpette[3], et l’émail dentelé se continue le long de l’arête interne ou tranchante de la dent (fig. 1, B-D), tandis qu’au contraire sur l’arête opposée l’émail ne descend qu’à une petite distance du sommet (fig. 1, B-C) ; de telle sorte que l’arête convexe se trouve épaisse et obtus, de la même manière que l’on fait le dos d’un couteau plus épais afin qu’il soit plus solide. Cette solidité des dents du mégalo-

    de près d’un pouce que le bord interne, et forme ainsi une sorte de parapet latéral qui sert d’appui aux dents du côté où elles ont le plus grand effort à soutenir. En même temps, le bord interne (fig. 1′) donne naissance à une série de lames triangulaires qui forment des sortes d’éminence en zigzag dans l’intérieur du sillon alvéolaire. Du centre de chaque lame triangulaire part une cloison osseuse qui va joindre le parapet opposé, et constitue ainsi les alvéoles successives. On voit apparaître les dents nouvelles dans l’angle qui sépare ces éminences triangulaires ; elles forment une sorte d’abondante réserve, destinée à remplacer les dents anciennes à mesure que leur destruction progressive ou des fractures accidentelles en rendent nécessaire le renouvellement. Les dents nouvelles se formaient dans des cavités distinctes à côté des anciennes, en dedans de la mâchoire ; et il est probable qu’elles forçaient celles-ci à tomber, par le moyen accoutumé de la pression combinée avec l’absorption, pour prendre ensuite leur place dans les cavités demeurées vides. Cette disposition pour le renouvellement des dents est rigoureusement la même que l’on observe dans la dentition de plusieurs espèces vivantes de lézards.

  1. Pl. 23, fig. 1, 2, 3.
  2. Pl. 23, fig. 4′, 2′
  3. Pl. 23. fig. 1, 2, 3.