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SAURIENS VOLANS.

omale que les premiers ptérodactyles qui furent découverts partagèrent les naturalistes entre trois opinions : les uns y virent un oiseau ; d’autres une espèce de chauve-souris, d’autres enfin un reptile volant. Cette divergence remarquable à propos d’un être dont on possédait le squelette presque entier, était due à l’existence de caractères paraissant appartenir à chacune des trois classes auxquelles on le rapportait. La forme de la tête et la longueur du cou le rapprochent des oiseaux ; ses ailes, par leurs proportions et leurs formes, rappellent les chauves-souris ; le tronc et la queue offrent des rapports étroits avec ceux des mammifères ordinaires. Ces divers caractères coïncident avec la même petitesse du crâne que l’on observe ordinairement chez les reptiles, et avec l’existence d’un bec armé d’au moins soixante dents pointues ; et leur réunion constitue un ensemble apparent d’anomalies que le génie seul de Cuvier devait réconcilier. Entre ses mains, cette production de l’ancien monde, si monstrueuse en apparence, est devenue l’un des plus magnifiques exemples que nous fournisse l’anatomie comparée de l’harmonie qui dirige, dans tout l’ensemble de la nature, l’adaptation des mêmes parties de l’organisation animale à des conditions d’existence infiniment variées.

Dans l’ordre des sauriens et dans la classe des reptiles, classe dont les représentans actuels ne se meuvent pas ailleurs que sur la terre ou dans les eaux, les ptérodactyles nous offrent l’exemple d’un genre maintenant éteint et qui avait été organisé dans le but spécial d’une locomotion aérienne. C’est une chose pleine d’intérêt que de voir comment les extrémités antérieures, qui, chez les crocodiles et les lézards modernes, sont des organes de locomotion terrestre, se convertissent en des ailes membraneuses, et jusqu’à quel degré les autres parties du corps se modifient, pour que l’ensemble tout entier de la machine s’harmonise avec cette nouvelle fonction du vol. Et l’on voit jusque dans