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COLOLITES.

Sans doute aux yeux d’un grand nombre de personnes peu versées dans l’anatomie, des recherches ayant pour objet quelque chose d’aussi obscur et d’aussi inaccessible en apparence, que la structure des intestins chez une espèce éteinte de poissons, ou de reptiles, seront ce qu’il peut y avoir au monde de moins digne d’attention ; mais ces recherches acquièrent une haute, importance par les démonstrations que la science y puise de la sagesse et du plan providentiel qui ont présidé à la création ; elles fournissent un anneau de plus à la chaîne importante qui unit les races qui de nos jours, vivent et s’agitent à la surface de notre planète aux races maintenant détruites des ses habitans des âges primitifs[1]. Le retour systématique, chez des animaux qui ont existé à des époques aussi éloignées, des mêmes

    médiatement après leur mort, flottent à la surface des eaux, le ventre en l’air, jusqu’à ce que leur abdomen crève par les gaz putrides qui s’y développent et le distendent : c’est par l’ouverture qui résulte de ce déchirement que les intestins sortent du corps, tout en conservant leurs circonvolutions naturelles. Mais après un temps très court cette masse intestinale se trouve séparée du corps par l’agitation des vagues. C’est alors que le poisson tombe au fond : mais ces intestins continuent encore de flotter long-temps, et s’il arrive qu’ils soient portés sur le bord, ils y demeurent plusieurs jours sur le sable avant que leur décomposition y soit complète. Du reste ce ne sont que les intestins grêles qui se détachent ainsi du corps ; l’estomac et les autres viscères y restent fixés.

    L’auteur de cette explication donnée sur des fossiles jusque là inexpliqués publie en ce moment, à Neuchâtel, le plus important ouvrage qu’il y ait sur les poissons fossiles. Ses titres à aborder une tâche aussi étendue et aussi difficile sont garantis suffisamment par ce fait que Cuvier, voyant les progrès que ce savant y avait faits, s’empressa de mettre à sa disposition tous les matériaux qu’il avait déjà rassemblés lui-même dans le but d’entreprendre un travail tout semblable.

  1. Le temps qui répand de la dignité sur tout ce qui échappe à son pouvoir destructeur fait voir ici un singulier effet de son influence : ces substances si viles dans leur origine, étant rendues à la lumière après tant de siècles, deviennent d’une grande importance, puisqu’elles servent à remplir un nouveau chapitre dans l’histoire naturelle du globe. — Bulletin de la Société impériale de Moscou, n. vi, 1835, p. 23.