Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
SAURIENS MARINS.

les rames antérieures de l’ichthyosaure, et dans la manière non moins extraordinaire dont se combinent les os de l’arcade sternale, ou de cette partie du thorax à laquelle les rames sont fixées[1].

Ces os, par un rapprochement curieux, offrent à très peu près les mêmes combinaisons que ceux qui constituent la même arcade dans l’ornithorhynque de la Nouvelle-Hollande[2], animal qui passe sa vie à chercher sa nourriture au fond des lacs et des rivières, et qui, comme l’ichthyosaure, est forcé de revenir à la surface pour y respirer l’air atmosphérique[3].

Ainsi voilà une race d’animaux qui se sont éteints à l’époque où s’est terminée la série secondaire des formations géologiques,

  1. Pl. 12, fig. 4.
  2. Cet animal nous offre l’amalgame singulier d’un quadrupède à fourrure dont la bouche est armée d’un bec comme celui d’un canard, dont les quatre pieds sont palmés, dont la femelle allaite ses petits, bien qu’elle paraisse être ovovivipare, et dont le mâle a les jambes armées d’ergots. — Voyez les Mémoires de M. R. Owen sur l’ornithorhynchus paradoxus, dans les Transactions philosophiques de Londres, 1832, deuxième partie ; et 1834, deuxième partie — Voy. aussi son Mémoire sur le même sujet, dans les Transactions de la société géologique de Londres, 1835, troisième partie. L’auteur y fait voir, tant dans l’appareil de la reproduction que dans d’autres appareils, une foule de rapports entre cet animal et les reptiles.
  3. Le squelette de ces deux animaux se distingue du type commun des mammifères par le développement remarquable de l’os coracoïde, et par la forme particulière du sternum qui rappelle la fourchette des oiseaux. Voyez planche 12, fig. 1, a le sternum ou la fourchette ; b, b les clavicules ; c, c l’os coracoîde ; d, d les omoplates ; e, e les humérus ; f, g, le radius et le cubitus. — Dans la figure 2, les mêmes lettres indiquent les os correspondans chez l’ornithorhynque.

    La puissance réunie de ces divers os donne au thorax et aux avirons une force toute particulière, en rapport avec une fonction extraordinaire, qui ne consistait pas tant dans la locomotion, (cette fonction était remplie chez l’ichthyosaure avec beaucoup de puissance et de facilité par l’action de la queue) que dans l’acte de monter et de descendre verticalement pour chercher l’air et la nourriture.