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ICHTHYOSAURE.

de telles fonctions que les vertèbres solides des lézards et des crocodiles. Mais, d’un autre côté, ces cônes creux juxta-posés ne pouvaient entrer comme élémens dans la colonne vertébrale de quadrupèdes destinés à habiter la terre ferme ; cette partie essentielle de leur charpente solide étant presque à angle droit avec les membres devait être formée par une suite de pièces osseuses larges et aplaties, et serrées avec une force considérable les unes contre les autres. Il est donc évident que si à des créatures d’une taille et d’un volume aussi considérables que les ichthyosaures, et une fois pourvues de vertèbres construites sur le même principe que celles des poissons, il eût été donné, au lieu de rames élargies, des membres organisés de la manière ordinaire, elles n’eussent pu se mouvoir sur le sol, sans qu’il en résultât de graves lésions dans leur charpente osseuse[1].

    lant la forme d’un sablier ; mais la base de chacun des cônes (b, b), au lieu d’être fermée comme cela a lieu dans le sablier par une lame plate et élargie, se termine par un bord mince comme celui d’un verre à pied, et qui s’applique sur le bord opposé de la vertèbre adjacente. L’espace vide que laissent entre eux ces deux cônes creux est rempli par une substance molle et flexible, ayant la forme de deux cônes solides juxta-posés par leur base (e, e), et disposés de façon que chaque cône creux vertébral s’applique exactement sur l’un de ces cônes élastiques pleins qui le remplit, et lui permet de se mouvoir dans toutes les directions. Ce mode spécial d’articulation donne à la colonne vertébrale tout entière une grande puissance, et lui permet une flexion rapide dans tous les sens au sein des eaux. Mais comme la flexion verticale est beaucoup moins nécessaire que la flexion latérale, elle se trouve limitée par les apophyses épineuses, soit qu’elles chevauchent les unes au dessus des autres, ou qu’elles soient simplement contiguës. C’est là une disposition mécanique d’une grande utilité pour des animaux construits comme le sont les poissons. La queue est pour eux le principal organe de locomotion, et le poids de leur corps étant constamment soutenu par l’eau dans laquelle ils sont plongés n’exerce sur les bords par lesquels les vertèbres sont en contact qu’une pression faible ou tout à fait nulle.

  1. Sir E. Home a de plus observé une particularité du canal spinal qui