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SAURIENS MARINS.


Yeux.


Le volume énorme de l’œil des ichthyosaures[1] est une des particularités les plus remarquables de leur organisation. La grande quantité de lumière que ces organes pouvaient admettre, par suite de ce diamètre extraordinaire, devait leur donner une puissance de vision remarquable, et nous trouvons ailleurs des preuves que ces yeux pouvaient remplir tout à la fois les fonctions du microscope et du télescope. À la partie externe de la cavité orbitaire où cet œil était logé, se trouve une série circulaire de plaques osseuses minces et pétrifiées, entourant l’ouverture centrale où fut la pupille. Pour la forme et l’épaisseur, chacune de ces plaques ressemble beaucoup aux écailles d’un artichaut[2] : ce cercle de plaques osseuses n’existe pas dans les poissons ; mais on le trouve dans les yeux de plusieurs oiseaux[3] ainsi que dans ceux des tortues

  1. Pl. 10, fig. 1, 2.
  2. Pl. 10, fig. 5.
  3. La sclérotique osseuse des ichthyosaures se rapproche beaucoup pour sa forme du cercle osseux qui entoure la pupille de l’aigle doré (pl. 10, fig. 5). Dans l’un comme dans l’autre cas, cette disposition a pour but de faire varier l’étendue de la vision distincte, de façon à ce que l’animal puisse découvrir sa proie aux distances les plus éloignées comme aux distances les plus courtes. Ces plaques osseuses servent encore à conserver à la partie proéminente de l’œil cette saillie qui est si remarquable chez les oiseaux. Chez les hiboux, où la vision à de grandes distances est incompatible avec leurs habitudes nocturnes, le cercle osseux (pl. 10, fig. 4), d’après les observations de M. Yarrel, est concave et prolongé en avant, de telle façon que la surface externe de l’œil se trouve portée à l’extrémité d’un long tube, et saille ainsi en dehors des plumes légères qui forment un duvet autour de la tête, Cet auteur ajoute : « L’étendue de vision dont jouissent les faucons a été probablement refusée aux yeux des hiboux ; mais la sphéricité plus considérable du cristallin et de la cornée chez ces oiseaux de proie leur donne une intensité de vision plus en rapport avec l’obscurité de l’at