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DINOTHÉRIUM.

teum, a dû atteindre, d’après M. Cuvier et M. Kaup, la taille extraordinaire de dix-huit pieds en longueur. L’os le plus remarquable qu’on en ait encore trouvé est une omoplate qui par sa forme rappelle plus celle de la taupe que d’aucun autre animal, et semble indiquer ainsi une conformation particulière du membre antérieur destinée à creuser la terre, indication que vient confirmer la structure particulière de la mâchoire inférieure.

Ce dernier os offre, dans la disposition des défenses chez les deux espèces connues[1], des particularités que l’on n’a encore rencontrées jusqu’ici dans aucune autre espèce vivante ou fossile.

Ansi que nous l’avons déjà dit, le dinothérium[2], par ses molaires, se rapproche des tapirs plus que d’aucun autre genre ; mais un caractère qui l’en éloigne, ainsi que de tout autre quadrupède connu, c’est l’existence de deux énormes défenses portées à l’extrémité antérieure du maxillaire inférieur, et recourbées en bas comme celles qui existent à la mâchoire supérieure du morse[3].

Bornons-nous, pour le moment, à citer cette particularité dans la position des défenses, et voyons ce que nous en pourrons conclure relativement aux habitudes des animaux auxquels elles appartiennent. D’abord les lois de la mécanique nous prouvent que des maxillaires longs de près de quatre, pieds, et chargés à leur extrémité de défenses aussi lourdes, n’eussent été pour un quadrupède habitant la terre ferme qu’un incommode fardeau. Il n’en eût pas été de même d’un grand mammifère destiné à vivre dans les eaux ; et les habitudes

  1. Pl. 2, C. fig. 1, 2.
  2. Pl. 2, C. fig. 3.
  3. Pl. 2, C. fig. 1, 2.