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PAR LA CRÉATION DES RACES CARNIVORES.

qui se sont éteintes après avoir habité notre globe aux temps reculés de son histoire, il est bon que nous examinions brièvement ce plan universel d’après lequel, à toutes les époques, un système de destruction générale, contrebalancé par un renouvellement continuel, a contribué à accroître pour les animaux la somme du bien-être sur la surface tout entière du globe.

Parmi les prévisions les plus importantes dont nous trouvons la preuve dans l’anatomie de ces animaux anciens, plusieurs sont propres aux organes qui leur ont été donnés pour saisir leur proie et la mettre à mort. Et comme des desseins dont la révélation nous est fournie par des instrumens évidemment façonnés dans un but de mort et de destruction, peuvent au premier abord sembler mal en harmonie avec le plan d’une création toute fondée sur la bienveillance, et tendant à produire la plus grande somme de bien-être pour le plus grand nombre d’individus, il est bon que nous disions quelques mots sur l’histoire de cette quantité énorme d’animaux du monde ancien qui ne furent créés que pour détruire.

La mort une fois établie par le créateur comme une irrévocable condition de la vie, il a dû entrer dans ses desseins de bienveillance de rendre aussi doux que possible pour chacune de ses créatures ce triste terme de toute existence. Or, la mort la plus douce, un proverbe le dit, est celle qu’on attend le moins ; et, bien que pour des raisons morales et propres à notre espèce, nous demandions au ciel de détourner de nous cette fin subite, il n’en est pas moins vrai que pour les animaux c’est là ce qu’il y a de plus désirable. Les douleurs de la maladie, la décrépitude de la vieillesse, sont les précurseurs ordinaires de la mort, lorsqu’elle est amenée par un affaiblissement graduel. C’est dans l’espèce humaine seulement que tous ces maux sont susceptibles d’allégemens, car nous possédons