Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
PRÉTENDUS FOSSILES HUMAINS.

Néanmoins rien n’autorise à considérer ces ossemens comme remontant à une époque fort reculée. La roche dont il s’agit est d’une formation très récente, et se compose de fragmens agglutinés de coquilles et de polypiers des eaux d’alentour. On voit de semblables roches se former, en quelques années, de matériaux analogues dans les bancs de sable qui bordent les mers intertropicales.

Souvent aussi l’on a rencontré des ossemens humains et des ouvrages d’art grossiers dans des cavernes naturelles, quelquefois enfermés dans des stalactites, d’autres fois dans des couches terreuses où ils se trouvaient dispersés parmi les ossemens d’espèces éteintes de quadrupèdes. Ces cas peuvent s’expliquer par l’habitude qu’ont eue les hommes à toutes les époques de choisir de semblables lieux pour leur sépulture ; et cette circonstance accidentelle que dans plusieurs cavernes les restes d’espèces éteintes se montrent dans le même sol où, à des époques subséquentes, des cadavres appartenant à l’espèce humaine ont pu être ensevelis, ne nous apprend rien sur l’époque où a eu lieu le dépôt de ces derniers.

Un grand nombre de ces cavernes ont été habitées par des tribus sauvages ; et celles-ci, pour s’y arranger une demeure commode, ont fréquemment remué les points du sol qui recouvraient les restes de ceux qui les avaient précédés. Ces mouvemens expliquent comment des fragmens de squelettes humains

    Ernouf explique la rencontre des ossemens dispersés par une tradition qui rapporte que, vers l’an 1710, une tribu de Gallibis fut vaincue et massacrée sur ce point là même par les Caraïbes : leurs restes disséminés auront probablement été recouverts par les eaux d’une couche de sable qui bientôt se sera convertie en une roche solide.

    Sur la côte ouest de l’Irlande, près de Killery-ttarbour, on voit un banc de sable que la mer entoure dans les marées hautes, et où les habitans ont en ce moment même la coutume d’aller enterrer leurs morts.