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FORMATIONS TERTIAIRES.

projetées par l’action des volcans ; et les changemens de niveau qui ont été produits par le travail de ces mêmes agens volcaniques peuvent en partie expliquer ce fait que les diverses localités d’un même district ont été recouvertes alternativement par l’eau douce et par l’eau salée.

Les dépôts calcaires d’eau douce de cette période sont encore d’une grande importance par rapport à l’histoire générale du calcaire, en ce qu’elles témoignent puissamment des sources où le carbonate de chaux a pris son origine[1].

  1. Nous voyons les sources chaudes des districts volcaniques sortir de terre tellement chargées de carbonate de chaux qu’elles couvrent de larges étendues de pays d’un tuf calcaire ou travertin. Les eaux qui coulent du Lago di Tartaro, près de Rome, et les sources chaudes de San-Filippo, sur les frontières de la Toscane, offrent des exemples bien connus de ce phénomène. Ces actions qui s’accomplissent sous nos yeux nous expliquent d’une manière très plausible comment ont pu se former les vastes lits de calcaire au fond des lacs d’eau douce de la période tertiaire où nous savons qu’ils se sont déposés durant des âges d’une activité volcanique intense. Nous retrouvons encore des traces d’une action probable des eaux thermales dans ces dépôts calcaires encore plus vastes qui se sont formés au fond des mers durant les périodes précédentes du groupe secondaire et du groupe de transition.

    C’est un problème difficile que d’indiquer la source première de ces masses énormes de carbonate de chaux qui forment presque un huitième de la croûte superficielle du globe ; quelques auteurs ont avancé qu’elles avaient été sécrétées en entier par des animaux marins, et c’est évidemment en effet à une telle origine qu’il faut rapporter certaines portions des couches calcaires qui sont entièrement composées de coquilles et de polypiers pulvérisés ; mais jusqu’à ce qu’il nous soit démontré que ces animaux ont le pouvoir de former la chaux aux dépens d’autres élémens, nous devons supposer qu’ils trouvaient cette substance toute formée et tenue en dissolution dans les eaux de la mer, soit qu’ils l’y prissent directement ou par l’intermédiaire des plantes marines. Dans l’un comme dans l’autre cas, il reste à chercher la source qui avait versé dans la mer non seulement cette portion de carbonate calcaire qu’y puisèrent les animaux qui l’habitaient, mais aussi ces masses beaucoup plus puissantes de la même substance qui se précipitèrent au fond sous forme de couches calcaires.

    Nous ne pouvons supposer qu’elles soient dues, comme le sable et