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tion et un accent qui trahissent à peine l’étranger, le roi eût pu, et bien d’autres sans doute, me comprendre et me juger dans ma langue maternelle ; et si je n’avais consulté que mes propres désirs, et peut-être aussi l’intérêt de ma réputation, c’est en anglais que mes idées se fussent manifestées : mais de plus mûres réflexions ont fait taire ce désir bien naturel, de ne paraître que dans la forme qui m’est propre et dans un style que j’avoue. J’ai pensé que la protection toute spéciale dont m’honorait Louis Philippe m’imposait le devoir d’offrir au plus grand nombre possible de Français des connaissances et des faits auxquels ils ne sauraient rester indifférens comme hommes et comme peuple ; et que par conséquent ce livre, pour être compris de tous, devait être fait dans la langue de tous.

Après cette explication que j’ai jugée nécessaire, je vais passer immédiatement à l’histoire des principaux événemens de ma vie féconde en incidens variés : ce n’est point pour satisfaire une vanité personnelle que je vais entrer dans ce récit, c’est pour exposer mes titres a la confiance, c’est pour justifier ma mission.

À l’âge de neuf ans, j’embrassai avec ardeur la profession de marin ; et je m’embarquai à bord d’un vaisseau de la marine anglaise partant pour une station éloignée. Avant d’avoir atteint ma dixième