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DE PHILIPPE

il disait dans son enfance, un taxi, et il était chez Florence.

Elle pleurait, sans fard, et Philippe lui caressait gauchement la tête.

— J’ai de la peine, j’ai de la peine.

Philippe, honteux et content aussi de ses paroles, lui débitait de banales consolations, qu’il fleurissait de métaphores. Elle lui répondait, comme Claire :

— Tu es bon, toi… Tu ne me laisseras pas…

Claire et ses enfants, ces ombres pitoyables qui disparaissent, le spectacle avait touché Philippe à coup sûr : il lui fallait cependant jouer la comédie. Qu’elle fût absente, qu’elle fût à ses côtés, il avait à la fois la tentation de se montrer cynique et celle de se montrer sensible à l’excès, écrire sur sa belle âme qui pleurait sur les enfants sacrifiés à la vanité et à la fantaisie maternelles, sur celui qui enfarge les beaux sentiments pour s’accorder une expérience psychologique. En ce moment Philippe ne songeait pas qu’il aimait vraiment Claire et qu’il aimait encore plus le plaisir égoïste de l’aimer.

C’est le vin et le whisky qui eurent le dessus, le vice de Philippe trancha le débat. Bien entendu, si Philippe aimait à boire, c’est, parce qu’il y trouvait toujours un alibi et que cela lui permettait de n’être pas l’un des deux personnages qui s’offrait à son choix, l’amoureux comme il le pouvait être et la belle âme, mais un troisième, bien supérieur et qui jugeait dé-