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FALSTAFF

tachés : airs, couplets et romances, dont nous n’avons plus que faire à présent.

On devine bien, n’est-ce pas ? qu’il n’existe point d’analogie sérieuse entre Falstaff et les Maîtres Chanteurs, qu’on ne peut s’empêcher de citer dès qu’il est question de comédie musicale. Certes, il faut attribuer à l’influence de Richard Wagner l’admirable et glorieuse évolution qui, commencée par Aïda, nous réserve peut-être encore des surprises ; mais l’effort de génie qui transforma, le brutal fabricateur de cabalettes d’Ernani et de Nabucodonosor pour arriver à nous révéler le subtil virtuose orchestral et vocal de Falstaff, cet effort, véritablement prodigieux, n’a jamais fait perdre à l’auteur du Trouvère sa personnalité de race. Le théâtre de Verdi demeure aussi italien aujourd’hui qu’il l’était autrefois, il restera aussi italien qu’est allemand le théâtre de Wagner, et c’est par cela même qu’il nous apparaît puissant et original.

Ceux qui croiraient trouver sous l’enveloppe moderne de Falstaff la profonde humanité, la grandeur symbolique, la luxuriante polyphonie des Maîtres Chanteurs se tromperaient donc du tout au tout. Mais cependant la musique est bien celle qui convient à la farce des Joyeuses Commères de Windsor ; elle commente avec