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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

cérémonie druidique, le pouvoir suprême échoit à Fervaal qui ne l’accepte, perdu par Guilhen, que pour se faire tuer dans l’imminente bataille et donner la Vie en échange de sa mort. Le combat livré, Cravann anéantie, le prédestiné que le sort épargna, sur le champ de bataille recouvert de neige, va s’offrir, victime expiatoire, au couteau d’Arfagard, lorsqu’il s’entend appeler par Guilhen. D’un revers de son glaive, Fervaal abat le vieillard et s’élance vers l’Amour. La femme est morte ; l’homme la saisit en ses bras, gravit avec elle la montagne et disparaît dans les nuages. Que les dieux cévenols s’écroulent donc en leur crépuscule, comme les dieux du Walhall, et que s’accomplisse une seconde fois la rédemption du monde par l’amour, comme en la dernière scène, sublime et inimitable, de la Tétralogie !

Ces personnages, ces symboles wagnériens nécessitent une musique, une orchestration wagnériennes. Sans parler du développement des thèmes, du groupement instrumental dont nous connaissons les modèles, chaque page de la partition de M. d’Indy, par ses motifs, ses formules symphoniques, éveille en nous des souvenirs tantôt confus, tantôt précis, se référant à quelque page familière du maître allemand. À quoi bon insister ? Cette partition déborde