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deux autres, Gozobanghi-Ingoufourou et Baguessé-Rinda, de 200 et 500 kilomètres, est ouvert à la navigation à vapeur, ce qui fait un total de 2,600 kilomètres. Les pirogues peuvent franchir la région des rapides qui s’étend entre Bangui et Ouadda, et le portage est seulement nécessaire entre Ouango et Bozégui, et entre Ganapia et Baguessé. Si l’on ajoute les affluents qui sont navigables soit en vapeurs soit en pirogues, l’Oubangui nous offre plus de 3,500 kilomètres sur lesquels la navigation est possible.

Voilà ce que la nature nous a fourni. À nous d’en tirer parti en y mettant un matériel fluvial approprié. Nos voisins de l’État indépendant l’ont fort bien compris, et, bien que possédant actuellement une trentaine de bateaux, soit à l’État, soit aux Compagnies commerciales, soit aux Missions, ils n’ont pas hésité à affecter, sur l’emprunt de 12 millions 500,000 francs qu’ils viennent de contracter, une somme de 4,275,000 francs pour construire 16 vapeurs dont 2 de 250 tonnes et 8 de 20 à 40 tonnes. Cette année, ils avaient déjà mis sur chantier 2 vapeurs géants pour le Congo, le Brabant et le Hainaut, de 250 tonnes chacun. Quant aux sociétés commerciales, elles ont aussi fait mettre 15 vapeurs sur chantier. Grâce à ce matériel fluvial important, un service régulier a été organisé entre Léopoldville et l’embouchure du Rubi. Les départs ont lieu tous les onze jours. Des vapeurs annexes circulent sur le Haut-Congo, le Kassaï, l’Oubangui et les autres affluents du Congo.

Quant à nous, notre flottille comprenait autrefois le Ballay, l’Alima, le Djoué, l’Oubangui, le Courbet, le Faidherbe. Trois d’entre eux ont fait naufrage, le Ballay' dans le rapide de Mobaye, le Courbet et l’Alima, l’un en face de Tchoumbéri et l’autre de Loukoléla, où ils dorment par 15 ou 18 mètres de fond. L’Oubangui et le Djoué ont des coques qui ont besoin d’être complètement refaites. Aussi le gouvernement les a-t-il cédés pour être réparés à la maison Tréchot. Ce sont cinq Nivernais qui ont fondé la seule maison française établie dans le bassin du Congo depuis que la maison Daumas a cédé ses établissements à la société anonyme belge. Les frères Tréchot viennent de faire monter tout dernièrement un petit remorqueur de 13 mètres de long et des chalands.

Le Faidherbe a eu une glorieuse carrière. Après avoir rendu de grands services au Congo, il a eu l’honneur de porter le drapeau tricolore à Fachoda après avoir été transporté lui, bateau non démontable, sur 200 kilomètres, dans un pays où il n’y avait ni routes ni aucun moyen de transport autre que l’homme.

Lors du départ du commandant Monteil pour le Congo, on avait décidé d’envoyer deux bateaux pour assurer les ravitaillements. Un seul, le Jacques d’Uzès, a pu être monté. Il a maintenant Mobaye pour port d’attache et navigue dans le bief supérieur de l’Oubangui. Le De Poumeyrac, moins heureux que lui, n’a pu être mis en chantier, des pièces fort importantes que l’on n’a pu encore