Page:Brontë - Un amant.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

Lorsque Heathcliff vint, la fois suivante, il se trouva que la jeune demoiselle était occupée à nourrir des pigeons dans la cour. Elle n’avait pas dit un mot à sa belle-sœur depuis trois jours, mais aussi elle avait mis un terme à ses plaintes, et nous y trouvions un grand soulagement. Je savais que Heathcliff n’avait pas l’habitude de témoigner à Miss Linton une seule marque de politesse en dehors de ce qui était strictement nécessaire. Cette fois, dès qu’il L’aperçut, sa première précaution fut de jeter un coup d’œil sur la maison. J’étais debout auprès de la fenêtre de la cuisine, mais je m’étais retirée hors de portée de vue. Je le vis alors s’avancer vers elle et lui dire quelque chose ; elle semblait embarrassée, désireuse de s’en aller ; pour l’en empêcher, il mit sa main sur son bras. Elle se détourna : apparemment il lui avait fait une question où elle ne se souciait pas de répondre. Il y eut de nouveau un regard rapide jeté sur la maison ; puis, supposant qu’on ne le voyait pas, le gredin eut l’impudence de l’embrasser.

— Judas ! Traitre ! m’écriai-je. Vous êtes donc aussi un hypocrite, un trompeur de parti-pris !

— Qui est-ce, Nelly ? dit la voix de Catherine derrière moi.

J’avais été trop occupée de ce qui se passait dehors pour la voir entrer.

— Votre indigne ami, répondis-je avec chaleur, ce monstre là-bas ! Ah ! il nous a vues, il vient ici, je me demande s’il aura le cœur de trouver une excuse plausible pour cet amour qu’il témoigne à Miss quand il vous a dit qu’il la haïssait.

Madame Linton vit Isabella se délivrer de l’étreinte et courir dans le jardin. Une minute après, Heathcliff ouvrit la porte. J’avais peine à m’empêcher de donner libre cours à mon indignation, mais Catherine insista d’un ton fâché pour que je me taise, me menaçant de me faire sortir de