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à vous, mademoiselle, poursuivis-je en adressant un sourire à Sylvie, c’est bien ; je suis content de vous. »

Sylvie parut satisfaite ; Eulalie enfla et rougit comme un dindon furieux ; mais la mutinerie fut étouffée. Un silence affecté remplaça les provocations de mes trois coquettes, dont l’air maussade et taciturne me convenait beaucoup mieux que l’arrogance ; et je continuai ma leçon sans être interrompu.

La cloche annonça la fin des études ; j’entendis la nôtre que l’on sonnait en même temps et celle d’un collège public situé dans le voisinage. L’ordre fut immédiatement détruit : chaque élève se leva avec précipitation ; je me hâtai de prendre mon chapeau et de quitter la classe avant la sortie des externes qui, au nombre d’une centaine environ, étaient emprisonnées dans la salle voisine, et dont le départ s’annonçait avec bruit.

J’entrais à peine dans le corridor, lorsque j’aperçus Mlle Reuter qui s’avançait vers moi.

« Entrez un instant, » me dit-elle en ouvrant la porte d’une salle à manger d’où elle venait de sortir.

La porte n’était pas refermée que les externes se précipitaient dans le corridor et arrachaient leurs manteaux, leurs chapeaux et leurs cabas, des patères auxquelles ils étaient suspendus. La voix aigre d’une sous-maîtresse dominait cette clameur sans parvenir à mettre un peu d’ordre au milieu des élèves, qui semblaient ignorer ta discipline ; et pourtant j’étais dans un pensionnat qui passait pour l’un des mieux tenus de Bruxelles.

« Eh bien, vous avez donné votre première leçon, me dit Mlle Reuter d’une voix calme et posée, comme si elle n’eut point eu conscience du chaos dont nous n’étions séparés que par une simple muraille. Avez-vous été content de vos élèves, ou leur conduite vous a-t-elle donné quelque motif de plainte ? Ne me cachez