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— J’ai une si mauvaise plume que je ne peux pas écrire.

— Mais, monsieur, vous allez trop vite ; on ne peut pas vous suivre.

— Je n’y comprends rien, moi. »

Ici un murmure ayant éclaté, la sous-maîtresse ouvrit les lèvres pour la première fois :

« Silence, mesdemoiselles ! » dit une voix sèche.

Mais le silence fut loin de se rétablir ; au contraire, les trois jeunes filles du premier banc n’en parlèrent qu’un peu plus haut.

« C’est si difficile, l’anglais !

— Je déteste la dictée.

— Quel ennui d’écrire ce que l’on ne comprend pas ! »

Les autres élèves commencèrent à rire, le désordre était partout ; il devenait indispensable de prendre une mesure efficace.

« Passez-moi votre dictée, mademoiselle, » dis-je à Eulalie d’un ton bref ; et, me penchant au-dessus de ma table, je pris son cahier avant qu’elle me l’eût présenté. « La vôtre, mademoiselle ! » continuai-je, mais avec plus de douceur, en m’adressant à une jeune fille maigre et pâle qui appartenait à la seconde division et que j’avais remarquée comme étant à la fois la plus laide et la plus attentive de la classe ; elle quitta sa place et m’apporta son cahier, qu’elle me donna en me faisant la révérence d’un air grave et modeste. La dictée d’Eulalie était couverte de ratures, de pâtés, et remplie d’erreurs plus ou moins ridicules ; celle de la pauvre laide, que l’on appelait Sylvie, était clairement écrite, elle contenait peu de fautes d’orthographe et pas un seul contre-sens.

Je corrigeai les deux exercices à haute voix, en m’arrêtant sur chaque faute ; et lorsque j’eus fini :

« C’est honteux ! dis-je à Mlle Eulalie en déchirant sa dictée, dont je lui rendis les morceaux. Quant