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CHAPITRE IX.


M. Pelet ne pouvait pas s’opposer à la demande de Mlle Reuter, puisque, dans l’arrangement que nous avions fait ensemble, il avait, de lui-même, fait entrer en ligne de compte les leçons que je pourrais donner pendant mes heures de loisir ; il fut donc convenu, dès le lendemain, que j’aurais la liberté de consacrer au pensionnat de Mlle Reuter quatre après-midi par semaine.

Quand vint le soir, je me dirigeai vers la maison de Mlle Zoraïde, afin de terminer cette affaire ; il m’avait été impossible d’y songer plus tôt, ayant eu à m’occuper de mes élèves pendant toute la journée. Je me rappelle qu’avant de sortir de chez moi, j’agitai dans mon esprit cette question importante : à savoir si je devais quitter mes habits de tous les jours et faire un peu de toilette. « À quoi bon ! pensai-je, pour une vieille fille sèche et roide ! car, bien que sa mère ait encore un excellent appétit, la chère demoiselle peut compter quarante et quelques hivers ; d’ailleurs, fût-elle jeune et jolie, que je n’en serais pas moins laid ; pourquoi, dès lors, faire une toilette qui deviendrait inutile ? » Et je partis, non sans jeter un coup d’œil furtif sur mon miroir, où j’aperçus un visage irrégulier, des yeux bruns enfoncés sous un front large et carré, un teint sans fraîcheur, quelque chose de jeune, moins les attraits de la jeunesse, rien qui pût gagner l’amour d’une femme et servir de but aux flèches de Cupidon.