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charger ; car vous saurez, monsieur, que le pensionnat voisin est dirigé par ma fille.

— Je croyais que c’était vous, madame, qui en étiez la directrice.

— Moi ! oh ! non, monsieur ; je gouverne seulement la maison, je surveille les domestiques et la cuisine, comme le fait ici mon amie Mme Pelet ; mais rien de plus. Est-ce que vous avez cru par hasard que je faisais la classe aux élèves ? »

Elle se mit à rire aux éclats, tant cette supposition lui paraissait bouffonne.

« J’ai pu le croire, répondis-je ; si vous ne donnez pas de leçons, madame, c’est-assurément parce que vous ne le voulez pas ; et tirant mon mouchoir de ma poche, je l’agitai, en me le passant devant le nez avec une grâce toute française, et en m’inclinant avec respect devant ma vieille interlocutrice.

— Quel charmant jeune homme ! murmura Mme Pelet à l’oreille de Mme Reuter qui, moins sentimentale, en sa qualité de Flamande, ne fit que rire un peu plus fort.

— « J’ai peur que vous ne soyez un homme dangereux, me dit cette dernière ; si vous faites des compliments de cette force-là, vous effrayerez Zoraïde ; mais si vous voulez être raisonnable, je vous garderai le secret et je ne lui dirai pas combien vous êtes flatteur. Maintenant, écoutez-moi : elle a entendu dire que vous étiez un excellent professeur ; et comme elle désire avoir tout ce qu’il y a de mieux dans son institution (car Zoraïde fait tout comme une reine), elle m’a chargée de voir s’il y aurait moyen de s’arranger avec vous et m’a priée de sonder Mme Pelet à cet égard. Zoraïde est la prudence en personne ; jamais elle ne fait un pas avant d’avoir examiné le terrain où elle va poser le pied ; je crois qu’elle ne serait pas très-contente si elle savait